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Un village à la belle étoile
Les Andalouses : un site touristique à l'abandon
Publié dans Liberté le 24 - 07 - 2004

Le désengagement de l'Etat et la concession des commerces au privé, très peu regardants sur le standing, ont fini par déclasser le site.
Comme la porcelaine de Limoges ou le cristal de bohème, il avait sa griffe lui aussi. Sa carte de visite. Pouillon l'avait construit là, sur un écrin de sable, comme un Tadj-Mahal pour enterrer le rêve andalou et puis s'en est allé à sa cité phocéenne en pensant sans doute aux milliers de maures qui ont conquis l'Estérel sur le toit des pyrénées. La conquista de Condor a fini sous l'estocade de Séville. Exit l'infiteh.
Il y a une vingtaine d'années, avant que la révolution d'octobre ne démocratise ce palais abbasside, le complexe touristique des andalouses faisait courir toute la jet-set de l'ouest.
En Mégane de préférence. Les éleveurs aux camionnettes bourrées de volaille ne picoraient jamais à ce grain, même si leurs poches débordaient de blé.
Parce que c'était là qu'il fallait paraître pour être vu et c'était là aussi où l'on pouvait faire tisser des relations utiles surtout lorsqu'elles peuvent lever tous les écrous, forcer toutes les portes et faire sauter tous les blindages. C'était aussi le temps où la simple tasse de café dans ces oasis feutrées n'était à la portée que d'une clientèle méga-aisée, super privilégiée qui ne regardait jamais à la dépense.
Comme dirait le dernier gagnant de Djezzy : fric-fric fric-hourra ! C'était enfin le temps où les dîners d'affaires ne se passaient qu'entre Vip dans un home délicieusement sélect, ouaté à force de silence et de courtoisie. Le désengagement de l'Etat, l'usure du temps, la patine de l'âge, la concession des commerces au privé, très peu regardant sur le standing ont fini par déclasser le site et lui donner les allures d'un village à la belle étoile ou plutôt les allures d'une ferme au clair de lune à qu'il ne manque que l'étable pour engraisser le bétail.
Pas besoin d'étable. Le client est trait comme une vache partout où il pose son postérieur aux couleurs de l'état, à l'air libre entre un zéphyr et un alizé, et question “bagar”, on a eu tout ce que l'on voulait merci. N'en jetez plus les mecs, la kachabia est pleine. Et il a bon dos l'été au complexe : les égouts éclatés, des eaux usées qui suintent droit sur la mer, un hôtel flambant neuf, complètement surréaliste dans ce décor et surgissant du sol sans crier gare sans que personne ne le remarque, des cafés crasseux, des marchands de quatre-saisons à l'hygiène approximative, des selfs ringards noyés par le fumet des rots et les décibels beuglant un raï pouilleux au ras des pâquerettes, des chiens galeux, errant de poubelle en poubelle et des parasols alignés comme des soldats de plomb prêts à livrer bataille aux flots impétueux des vagues, dont l'écume viendra tout à l'air pour lécher des pieds mignons aussi nus que des vers. Il n'y a pas de quoi saliver, gardez votre sans-froid, mes petits pères. On a eu droit — par vagues d'arrivée — à des meddahs au chômage, des berrahs en retraite, des villageois en goguette, des zazous en gomina et semelle de crêpe, des estivants parallèles, des trabendistes sur la tangente, des maquignons sur la touche, des receleurs sur la ligne médiane, des bigots sur le retour d'âge et des repris de justice sur le point de plonger.
Non, je ne reconnais plus les “Andalouses”. La clochardisation d'Oran a manifestement gangrené tout son littoral. Par petites touches d'abord. Aujourd'hui, des pans entiers de maisons sont bouffés par le sel et l'érosion. Surtout, ne zappez pas, il n'y a pas de page pub. On continue. Qu'importe le contenant de cette mer, ce sera le fond du premier qui viendra y faire trempette. Et il ne s'en prive pas.
Mascaréens bon œil, bonne bouille ou paumes des quartiers pauvres, le lumpum prolétariat, dans cette baie des braves, arrache sa part de bronzage, à vif, sans chichi, sans crème adoucissante ni pommade anti-rayons ultraviolets. À la hussarde, sans intermédiaire, sans cosmétique “ghir hak”.
Et puis pour tous ces vignerons de la plaine de Tighenif venus s'encanailler avant les vendanges. la mer, après tout, c'est de l'eau, c'est profond et c'est immense ; alors il n'y a aucune raison pour qu'on ne barbote pas comme on peut, comme les crapauds à la guelta, et boire la tasse fait partie des petites joies de la jolie colonie de vacances.
Et si, par malheur, les pieds pédalent dans le vide sans toucher les algues salvatrices, c'est que la gandourah Houari prend de l'eau. Fais gaffe “sahbi”, tu piques du naze !
Tu aurais mieux fait, mon bon bougre, de te rappeler les recommandations de Beyouna dans El-Harik, de Mustapha Badie, laquelle disait à son oncle à la veille de prendre le bateau d'éviter les baleines et de nager, en cas de naufrage “hakdaya ” “hakdaya” avec de grands gestes en mimant l'effort.
À 11h, cette journée de jeudi, et malgré une mer légèrement démontée qui me rappelle ma belle-mère les jours de tempête au foyer, est déjà chauffée à blanc par un soleil sans pitié.
Il n'y a pas un mètre carré de plage qui ne soit occupé. Tout est pris par ceux qui n'ont que des pastèques ou des marmots à traîner ou par ceux qui ont loué une paillote au style cocotier des îles. Mon œil…
Ni les mouches, ni les moustiques, ni les restes de repas, ni les bouteilles en plastique, ni les journaux abandonnés ouverts à tous les vents ne gênent les baigneurs. Encore moins les ballons qui atterrissent sur leurs crânes ou les postes radio lâchés à fond la caisse. L'essentiel est qu'ils soient heu-reux, et ils le sont, heu-reux.
heu-reux comme des coqs en pâte. Même les deux maîtres nageurs, au corps aussi rugueux qu'un cep de vigne, sont de la fête. La main dans la main, la démarche douteuse, ils se content fleurette, le dos tourné au large dont il n'ont cure.
Réflexion d'une sexagénaire : “Rabi sattar.”
Pickpockets, vendeurs de beignets, de “mhajeb”, de café, de sandwiches ou de cigarettes, cette station estropiée ne sera dans quelques heures qu'une vaste cour des miracles avec ses quasimodos et ses esmeraldas sorties tout droit des dunes. Courtisanes d'un soir ou Messalines d'une nuit. Allez savoir ! Un cul-de-jatte à la peau anthracite, qui aurait fait fureur dans le rôle d'eunuque nubien si Cecil B. de mille était de ce monde des vagues, s'avance du bord de l'eau, jette ses béquilles et plonge d'un trait au milieu des vagues.
Le tronc comme la tête seront rejetés vers la berge. Le cul-de-jatte vivant et paniqué rampe sur le rivage mou et réclame ses béquilles. Lézard, lève-toi et marche.
Dans ces andalouses boiteuses, y mettriez-vous le pied ?
un conseil : mettez-y le pied et tout le reste et vous rirez comme vous ne l'avez jamais fait.
Adios amigos !
M. M.


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