Les occupants de la cité Mokadem, située à une centaine de mètres de la wilaya et constituée de vieux taudis datant de l'époque coloniale, notamment le site dit Croissant-Rouge, au centre-ville de Tizi Ouzou, ont, depuis dimanche, procédé à la fermeture de rues pour dénoncer les promesses non tenues de leur recasement avant les premières chutes de pluie. Devant le siège de la wilaya, une grosse fumée noire se dégage de pneus en flammes. "Ce sont 160 familles qui vivent dans des conditions inhumaines, pour certaines depuis l'Indépendance, à l'intérieur de ce site tout proche du siège de la wilaya, mais à mille lieues de la civilisation humaine", nous dira un des habitants rencontrés à l'extérieur. "Initialement on a promis de nous recaser à Oued Falli avant le début du Ramadhan, puis on nous a demandé d'attendre la veille de l'Aïd puis encore début novembre, et, malheureusement, voilà que la pluie commence à faire des dégâts et on ne voit toujours pas les promesses de l'administration se concrétiser", explique un autre habitant. Devant le site dit du Croissant-Rouge, des traces de pneus brûlés la veille étaient encore visibles hier sur la chaussée. L'axe dit de l'ADE est toujours fermé par les manifestants. "De pures promesses", "SOS Familles en danger", "Donnez-nous des logements ou brûlez-nous", lit-on, entre autres, sur des banderoles accrochées tout au long de la clôture qui cache toute une misère vécue au quotidien par 19 familles auxquelles on promet le recasement depuis 1994. À l'intérieur de ce site, la situation est lamentable. Invivable. Inhumaine. Des eaux usées se déversent au milieu de la courette intérieure. Un seul WC, un seul compteur d'électricité et un seul compteur d'eau pour les 19 familles qui s'y entassent depuis plus de 20 ans. "Je suis né ici et au rythme où vont les choses j'ai peur de finir mes jours ici", redoute un jeune habitant du site. "Cependant, l'administration n'hésite pas, depuis l'Indépendance, à recaser, à chaque fois, les cohortes de personnes étrangères à la wilaya qui viennent s'installer dans un premier temps aux abords des oueds avant de se voir attribuer des logements", se plaint un autre habitant du site. Il est à rappeler que plus de 13 000 logements sociaux sont en réalisation à Oued Falli, à la sortie ouest de la ville de Tizi Ouzou. Récemment encore, les autorités locales ont affirmé que 4 000 d'entre eux sont déjà achevés.