Résumé : Wassila apprend que Lyès s'était sacrifié pour subvenir aux besoins de sa famille. Ses frères et sœurs étaient déjà mariés et responsables de famille. Par contre lui, il cherchait encore sa dulcinée. Il a dû d'ailleurs passer sous le joug des siens dans ses précédents choix, et en avait tiré des leçons... Aujourd'hui, personne ne s'opposera à lui... Il était assez vieux pour prendre son destin en main. Lyès acquiesce -Bien parlé Wassila... On voit que tu es assez intelligente pour comprendre qu'on apprend tous les jours un peu plus, et que le parfait n'existe pas. -Tout à fait... -Et n'aimerais-tu pas un jour te lancer à ton compte... Elle sourit : -Qui n'aimerait pas travailler à l'aise et se sentir le maître à bord ? Bien sûr que je pense à lancer ma propre affaire... Mais ce n'est pas demain la veille... Il faut avoir un fonds de roulement pour penser à investir. Je n'ai pas d'argent pour me permettre de rêver d'un tel projet dans l'immédiat. Et comme tu as dû le constater, les salons de coiffure de nos jours poussent comme des champignons. -Certes... Mais l'expérience compte énormément. Toutes les coiffeuses ne se valent pas... Il y a celles qui sont de véritables artistes, et celles qui travaillent de manière routinière, sans penser ni à se recycler ni à se mettre à jour... Le commerce demande du doigté, du savoir-faire et de l'imagination... Ma sœur ne se plaint pas trop lorsque tu la prends en charge... Telle que je la connais, elle n'est pas celle qui cache son mécontentement, lorsqu'elle n'est pas satisfaite. -Eh bien, tu m'en vois ravie... Elle jette un coup d'œil à sa montre et constate que son "petit" rendez-vous s'était transformé en une grande rencontre. Cela faisait deux bonnes heures qu'elle se trouvait là, en compagnie de cet homme qu'elle ne connaissait pas encore, sans pour autant se sentir mal à l'aise ni voir le temps passer. Il remarque son geste et sourit : -Pour une première rencontre, nous nous sommes pratiquement tout dit... Reste... Heu... Il toussote et garde le silence quelques secondes avant de poursuivre. -Reste que maintenant tu devrais réfléchir à ma proposition... -Ta proposition ? -Oui... Ma proposition de mariage... Je veux t'épouser Wassila... Nous n'avons plus l'âge d'attendre, tu le sais bien... -Heu... Oui... Mais... Je ne sais pas si... -Tu n'es pas encore sûre de toi, et tu ne sais pas si je suis l'homme qu'il te faut... Le mariage est une affaire trop sérieuse pour qu'on s'y précipite les yeux fermés... C'est pour cela que je te donne une semaine pour réfléchir... Je dis bien une semaine... Pas plus... Il soupire d'un air triste : -J'ai trop attendu dans la vie... J'ai passé mon temps à attendre quelque chose qui n'arrivait pas... En fait, il fallait que je comprenne que rien n'arrive sans rien... Il faut savoir prendre les initiatives requises au moment opportun... Sinon... On peut attendre longtemps et mourir sans avoir rien fait dans son existence. -Hum... Tu parles bien Lyès... Je vais tenter de ne pas te décevoir... J'aimerais en savoir davantage sur toi... -C'est ton droit le plus absolu... Mais que veux-tu savoir d'autre en dehors de ce que je viens de te confier ? -Je ne sais pas encore... Nous allons garder le contact si tu le veux bien... -Bien entendu... On pourrait se voir tous les jours si tu veux. Elle secoue la tête : -Non... Je préfère un coup de téléphone de temps à autre. -À ta guise Wassila... Ils échangèrent leurs numéros respectifs, et juste avant de le quitter elle demande : -Dans le cas où je te donnerais une réponse positive, où allons-nous vivre ? Chez toi avec ta mère ? -Oui... Tu penses bien que je ne pourrais pas l'abandonner à son âge. -Je n'y vois aucun inconvénient... Seulement... J'espère qu'elle n'est pas trop sévère... Les femmes de l'ancienne génération ont cette réputation d'être de véritables ogresses. Il rit : -Tu as peur des ogresses Wassila ? -Bien sûr... Quand j'étais petite, ma mère me menaçait d'appeler l'ogresse si je ne terminais pas mon lait, ou je ne m'endormais pas... Tu penses bien que j'ai gardé cette phobie à l'âge adulte. (À suivre) Y. H.