Il a suffi d'un retournement du marché pétrolier depuis quelques mois, pour que nos équilibres financiers virent au rouge. Une perspective qui ne semble pas émouvoir les autorités algériennes qui continuent, imperturbablement, de confectionner des programmes d'investissements publics et des lois de finances basés sur un baril à plus de 100 dollars. Le ministre des Finances, Mohamed Djellab, a ainsi affirmé voici quelques jours que les équilibres financiers de l'Algérie ne seront pas affectés par la chute des cours du pétrole ajoutant que le gouvernement disposait "des mécanismes à même de faire face à ce genre de situations". Selon le ministre, l'Algérie a réussi grâce à une politique financière «prudente» à rembourser ses dettes et par conséquent à se doter d'une "plus grande capacité" à faire face à la nouvelle donne économique. La loi de finances 2015 comme si de rien n'était Des déclarations en droite ligne avec une loi de finances 2015, caractérisée, elle aussi selon l'exposé des motifs, par "une démarche prudente et réaliste, en conformité avec les capacités économiques et financières du pays"(sic). Une démarche prudente et réaliste qui a conduit les fonctionnaires de Ben Aknoun à concevoir une loi de finances 2015 qui annonce des dépenses budgétaires qui devraient s'établir en 2015 à 8 850 milliards de dinars ( près de 110 milliards de dollars) en hausse de 15,7% par rapport à la loi de finances 2014. Une augmentation qui s'explique par la croissance aussi bien des dépenses de fonctionnement (+5,5%), que celles d'équipement (+32,1%). Sans compter les 100 milliards de dinars supplémentaires qui ont été provisionnés pour faire face à l'abrogation de l'article 87 bis.... Les ressources du Fonds de régulation(FRR) en baisse sensible Avec des recettes budgétaires limitées à 4.680 milliards de DA (un peu moins de 60 milliards de dollars) en raison du maintien d'un prix de référence fiscal du baril à 37 dollars, la loi de finance 2015 affiche un déficit budgétaire de 4 170 milliards de DA (22% du produit intérieur brut (PIB). La fiscalité pétrolière à recouvrer effectivement en 2015 devrait s'établir à 4 357 milliards de DA sur la base d'une hypothèse retenue de prix de marché du baril de pétrole de 100 dollars. Conséquence de l'importance des programmes de dépenses inscrits au titre du budget de l'année prochaine, la principale nouveauté annoncée par la loi de finances 2015 réside dans la chute des ressources affichée, pour la première fois depuis sa création en 2010, par le Fonds de régulation des recettes budgétaires. Avec un solde déjà annoncé en baisse sensible à 4 430 milliards de DA à fin 2015 (contre 5 280 milliards de DA prévu à fin 2014), le FRR risque de se dégonfler en réalité beaucoup plus rapidement que prévu et pourrait être épuisé en moins de 3 ans (...). H. H.