Il y a aujourd'hui nécessité d'une vision globale et intégrée du développement, dont fait partie le modèle de consommation énergétique. Tewfik Hasni, expert en transition énergétique, série les avantages comparatifs dans le renouvelable et souhaite que l'état lui accorde toute l'importance. Il établit d'abord les termes du débat et reprend certaines références. Il dresse ensuite une projection. Ainsi, les consommations de gaz sur le marché national (sur la base du scénario "laissez-faire") atteindraient 68 milliards m3/an en 2020 et 113 milliards m3/an en 2030, dont 32 milliards m3/an en 2020 et 85 milliards m3/an en 2030 pour la génération électrique. Une rationalisation par la réduction du gaspillage actuel permettrait, selon lui, d'envisager une réduction de la consommation électrique et réduire ainsi la consommation gaz pour la génération électrique à 60 milliards m3/an, y compris les besoins de la croissance économique à 7%/an, un pourcentage contenu dans le programme du gouvernement. La synthèse des différentes évaluations précédentes fait apparaître que le taux d'irradiation au Sud nous donne "80%" en termes de gain par rapport au sud de l'Europe, il est aussi plus "avantageux" que celui du Maroc, affirme-t-il. Le coût d'exploitation donne un avantage à l'hybride CSP avec 2,15 cts/KWh par rapport à la Tour solaire avec 2,5 cts$/KWh, soit 14%. Les coûts fixés pour l'hybride sont de 2 cts£/KWh, soit 93%. Le coût de stockage ramène le coût d'investissement à près de 9000 $/KW pour 4000 $/KW pour le CSP hybride, soit plus du double. Coût de financement proche de 4% pour nous. Tewfik Hasni évoque la chaîne de valeurs CSP et étale une série de données. Les composants du champ solaire sont les plus coûteux avec 38,5% du coût global. Ainsi, le tube concentrateur représente 7,1%, les miroirs (6,4%), la structure métallique de support (10,7%), le piping (5,4%), l'huile HTF (2,1%), la main-d'œuvre représente 500 personnes, soit 17%, le stockage (17%), le développement du projet (2,9%), le management du projet (7,7%)... Le renouvelable nécessite 60 milliards de dollars d'investissement pour 11 000 MW, soit 1,1 milliard de dollars pour 2000 MW, explique Hasni. Le scénario Economie Verte permettrait, par ailleurs, une conservation des réserves existantes jusqu'en 2050. Les nouvelles découvertes seront destinées à assurer les besoins des générations futures après cette échéance. Il est estimé sur la base des réserves actuelles à 78 milliards m3 /an. L'arbitrage se fera, d'après l'expert, après la satisfaction de la consommation interne qui doit être régulée pour éliminer le gaspillage. L'arbitrage déterminera les quantités possibles à l'export. Dans ce scénario, ajoute-t-il, elles sont évaluées à 60 milliards m3 /an. Et de souligner : "Nous avons fait par contre l'arbitrage sur la consommation interne. On s'aperçoit qu'il est impossible à réaliser sur le modèle énergétique actuel basé fondamentalement sur le gaz. Il faudrait faire la transition énergétique rapidement vers l'électricité solaire pour les besoins électriques. Il faudrait de même pour l'export s'intégrer dans la stratégie de transition énergétique européenne qui prévoit la part de l'électricité augmenter de 80% d'ici à 2040." Pour l'export, recommande-t-il, il faudrait aussi négocier la part de marché de l'électricité européen, dans lequel nous pouvons faire le swap de plus de 60 milliards m3/an par de l'électricité d'hybrides solaire-gaz dont 70% serait solaire thermique. Y. S.