Lors d'une conférence de presse, animée, hier, au siège de sa formation à Alger, Ali Fawzi Rebaïne, chef d'Ahd 54, n'y est pas allé de main morte pour fustiger le pouvoir de Bouteflika qu'il accuse de tous les maux. D'emblée, M. Rebaïne a estimé que la situation dans le pays "est plus que préoccupante", accusant les tenants du pouvoir d'avoir fait de l'Algérie "un pays de voleurs et de corrompus". La sortie du chef d'Ahd 54 se veut aussi un bilan d'une tournée nationale qui l'a conduit vers les Hauts-Plateaux et dans le Sud, notamment. "À In-Salah, les gens achètent de l'eau", a-t-il dit pour donner une image de la situation générale du pays, appuyant ses dires par "cette crise de carburant qui perdure" à proximité des champs pétroliers et gaziers. "Le pouvoir n'a fait que consommer l'argent des Algériens sans rien produire", appuie-t-il encore, précisant que "selon les chiffres révélés, ils ont consommé 900 milliards de dollars en 15 ans, mais sans résultat". Les griefs de l'ancien candidat à la présidentielle contre l'actuel locataire d'El-Mouradia ne se résument pas uniquement à cet aspect. Ali Fawzi Rebaïne accuse encore Bouteflika d'instrumentaliser la justice pour préserver ses ministres. Il cite les affaires de corruption, comme Sonatrach et Khalifa. "Nous savons que le verdict touchera uniquement les plus faibles, mais jamais les vrais responsables", a-t-il dit, plaidant "pour une réelle indépendance de la justice", en procédant, a-t-il ajouté, "à la mise sur place de plusieurs syndicats de juges et surtout déchoir le chef de l'Etat de sa qualité de premier magistrat du pays". "La justice est aux ordres", a-t-il encore asséné, indiquant qu'"il est difficile de faire confiance à un régime qui a fait de cette institution un instrument pour se protéger et protéger les voleurs". Sur un autre sujet, il a indiqué que "le gaz de schiste est une vraie menace". De ce fait, renchérit-il, "il est judicieux d'arrêter toute exploration". "Nous sommes contre son exploitation et tout débat sur le sujet doit émaner de la société et non pas d'entreprises et autres multinationales." Interrogé sur le projet de la révision constitutionnelle, le chef d'Ahd 54 a estimé que le problème de l'Algérie réside dans l'absence de volonté politique pour trouver des solutions, et non pas "dans des manœuvres pour gagner du temps". Concernant la lettre de Bouteflika à l'occasion du 19 Mars, M. Rebaïne s'est dit "choqué" par les propos tenus dans la missive, rappelant que "Bouteflika est malade et ne dispose pas de toutes ses facultés". Une manière d'accuser "des proches du chef de l'Etat" d'agir en son nom. "Après la lecture de cette lettre de menaces, on s'attendait à ce que Bouteflika décrète un état de siège pour procéder à l'arrestation de tous ceux qui ne sont pas avec le pouvoir", a ironisé le chef d'Ahd 54. M. M.