"Beaucoup de nos comédiens sont venus du mouvement associatif"

LA DIRECTRICE DU THEÂTRE REGIONAL DE BATNA, MBARKA TIGHAZA, à "LIBERTE"

Le Théâtre régional de Batna constitue indéniablement un des pôles culturels les plus fréquentés par un public fidélisé. Après avoir ouvert ses portes en 1985, il a été fermé en 2007 pour de grands travaux et rouvert en 2009. Les différents responsables qui se sont succédé à la tête de cette institution culturelle ont ouvert les portes du théâtre à l'expression théâtrale dans sa plus large expression et genre. Dans cet entretien avec la directrice de cet établissement, nous sommes revenus sur la recette
de sa réussite... mais pas uniquement !
Liberté : Vous êtes à la tête du Théâtre régional de Batna depuis plus d'un an, est-ce facile de gérer un établissement culturel qui connaît un franc succès ?
Mbarka Tighaza : Si je ne suis à la tête du théâtre en tant que directrice que depuis un an et demi, j'occupais un poste au sein de l'administration depuis des années, donc je connais bien les rouages de l'établissement. Bien sûr je me fais aider par mes collaborateurs pour être à la hauteur de la bonne réputation que s'est forgé notre établissement.
Etre présent, rester à l'écoute, donner la chance aux jeunes talents c'est-à-dire initier, ça demande une présence permanente et un travail continue, mais si on veut que le succès soit au rendez-vous, c'est le prix à payer. Il faut reconnaître également que mes prédécesseurs, dont le dernier Mohamed Yahiaoui (actuel directeur du TNA), ont su, des années durant, réaliser un travail important aussi bien administrativement que culturellement.
De nombreux rendez-vous du quatrième art ont été pris en charge, budgétisés et pérennisés : le Festival du théâtre professionnel, le Festival national culturel du théâtre amazigh, le théâtre pour enfants, ces rendez-vous sont le fruit d'un travail de longue haleine, sachant que s'il n'y avait pas demande et spectateurs, on n'aurait jamais réussi à maintenir ces rencontres devenues incontournables.
Est-ce que le mouvement associatif qui était très actif dans les années 1980/90 a contribué d'une manière ou d'une autre à cette réussite ?
Il y a un élément très important que beaucoup ignorent : beaucoup de nos comédiens sont venus du mouvement associatif, qui était une véritable pépinière.
Des associations de théâtre ont commencé à activer dans le domaine du quatrième art avec les moyens du bord, bien avant l'ouverture du théâtre.
Auteurs, comédiens, metteurs en scène qui sont encore au théâtre ou ailleurs, à l'exemple de Chawki Bouzid, Halima Ben Brahim, Ali Djebara, Boubir Salah et bien d'autres, sont passés par la bonne école, celle de l'association où ils ont fait leurs premiers pas.
Donc il serait ingrat de notre part de nier la contribution du mouvement associatif aussi bien à Batna qu'à travers le Grand Aurès.
Je vous donne un autre exemple, le théâtre amazigh n'aurait jamais connu le succès dont il jouit de nos jours sans le mouvement associatif des zones rurales et recluses.
Un autre bon point pour le TR Batna : ses comédiens sont sollicités un peu partout à travers le pays pour la qualité de leurs interprétations...
Nos comédiens et comédiennes ont fait leurs preuves à plusieurs reprises. Nous avons dans nos armoires la totalité des prix attribués lors des différentes manifestations théâtrales sur le territoire national, et nous avons également été récompensés à l'étranger. Meilleure mise en scène, meilleure scénographie, meilleure musique, second rôle et la toute dernière récompense a été attribuée au jeune comédien Ramzi Kedja (meilleur rôle masculin) lors du dernier Festival national du théâtre professionnel d'Alger. Je suis certes satisfaite, mais nous devons continuer de travailler. Nous allons encore travailler, corriger et préparer les prochains rendez-vous pour mériter notre réputation et notre succès.
R. H.
Mbarka Tighaza, directrice du TR Batna. © Hamatou/Liberté.