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"La culture de l'évaluation est quasi inexistante en Algérie"
Boutaleb Kouider, économiste, à Liberté
Publié dans Liberté le 21 - 10 - 2015

Ce spécialiste de l'économie nationale estime, dans l'entretien qui suit, qu'il faudrait avoir l'humilité de reconnaître la nécessité du changement du mode de fonctionnement du système socioéconomique actuel.
Liberté : Comment analysez-vous les résultats de la tripartite tenue mercredi 14 octobre à Biskra ?
Boutaleb Kouider : Dans les conditions actuelles marquées par la chute des revenus de l'Etat qui détermine tout un cortège de conséquences difficilement gérables sans le dialogue et l'engagement de tous les partenaires sur une stratégie à court, moyen et long termes, permettant de résorber les effets néfastes de la crise, en minimisant le coût social, tout en veillant à soutenir l'acte productif, la tripartite offre le cadre incontournable aux prises de décision courageuses mettant l'intérêt du pays au-dessus de toute autre considération. La crise financière grave que traverse le pays impose de sortir des sentiers battus et de s'engager dans des réformes structurelles de fond que tous les observateurs ne cessent de réclamer pour asseoir une économie diversifiée, productrice de richesse.
L'engagement de tous les partenaires est indispensable pour réussir ces réformes. Or les échos, rendus publics, de la tripartite relèvent plutôt du discours que de l'analyse et du diagnostic sans complaisance de ce qui a été réalisé, de ce qui n'a pas été réalisé, des échecs et des réussites, des contraintes et des formes de blocage... Les travaux de cette tripartite se sont résumés en une lecture de discours par le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur la situation économique du pays. Le président du principal syndicat (UGTA), partenaire privilégié des pouvoirs publics, en l'occurrence Abdelmadjid Sidi Saïd, s'est contenté de présenter le bilan de 25 ans du dialogue tripartite et de louer les bienfaits du dialogue social. Quant aux représentants des organisations patronales, ils se sont contentés d'exposer leurs points de vue sur certaines revendications redondantes qu'on retrouve dans toutes leurs assises. Le pays traversant une crise grave, on s'attendait à des engagements fermes, à une feuille de route consensuelle sur des mesures courageuses, balisant un processus de réforme graduel conduisant à une transformation structurelle du mode de fonctionnement de l'économie nationale.
Une bonne partie des engagements contenus dans le Pacte de croissance économique et social, élaboré à la faveur de la tripartie de 2014, n'a pas été concrétisée...
On n'a pas présenté de diagnostic sur les actions et les engagements passés, ce qui aurait permis de cerner les contraintes et les formes de blocage, expliquer et présenter les causes des échecs consommés en matière de croissance économique, d'emploi et de valeur ajoutée. Le décalage entre les intentions et les réalisations sont encore très importants : la croissance économique en moyenne décennale ne dépasse guère 3%, la productivité globale des facteurs est toujours très en deçà de ce qu'elle devrait être, l'investissement productif insignifiant (à peine plus de 2%, selon certaines estimations), et cela malgré les engagements des pouvoirs publics, des employeurs et des syndicats (plutôt de la seule UGTA) à réaliser des objectifs dans le cadre du pacte de croissance antérieurement adopté. La culture de l'évaluation est quasi inexistante chez nous. C'est ce qui pousse nombre d'observateurs à s'interroger sur la nature des engagements souscrits par les partenaires.
Que pensez-vous de la stratégie du gouvernement en ces temps de crise pétrolière ?
À vrai dire, il ne s'agit guère de stratégie (au sens que recouvre ce terme) mais d'un ensemble de mesures de restrictions budgétaires, touchant autant les dépenses de fonctionnement que celles d'investissement, qui ont été décidées dans la loi de finances complémentaire 2015.
Il s'agit de tout un ensemble de mesures de réduction des dépenses publiques de portée modeste (l'impact sur la réduction des dépenses publiques demeure inconnu), qui bien que nécessaires ne touchent en rien les fondamentaux.
Les transferts sociaux n'ont quasiment pas été touchés, de même que le régime des subventions, deux domaines budgétivores dont la pérennité demeure aléatoire en l'absence de sources de financement alternatives. Or, c'est sans doute à ce niveau qu'il faut agir sans tarder.
Si la détérioration des marchés pétroliers s'étire dans le temps, que se passera-t-il ?
Tous les scénarios sont possibles. En perspective, la situation peut évoluer très rapidement vers des déficits autrement plus considérables. Le Fonds de régulation des recettes s'épuisera, toutes choses égales par ailleurs (sur la base des évolutions présentes), selon de nombreux experts, au plus tard en 2017.
De même, pour les réserves de change qui chuteraient à 9 milliards de dollars si le prix du baril se fixait à 50 dollars (ce qui semble être le cas). Il y aura risque même si l'économie algérienne est très faiblement endettée (moins de 5% du PIB), contrairement à la période de crise vécue en 86, compte tenu des autres variables à considérer, une population de près de 40 millions de personnes, un modèle de consommation totalement transformé (large consommation de produits d'importation)... Si des mesures courageuses ne sont pas prises très rapidement pour assainir l'économie nationale et asseoir à terme les ressorts d'équilibres macrofinanciers hors fiscalité pétrolière, il faudrait s'attendre au pire (scénario pessimiste).
Ce ne sont certainement pas les mesures déjà prises, qui sont de portée modeste comme nous l'avons déjà souligné, qui pourront résoudre l'équation budgétaire. De même, il ne s'agit surtout pas de s'engager dans des politiques d'austérité qui ont partout échoué, ce qui a été évité jusqu'à présent. Un scénario optimiste exigerait d'éviter l'improvisation et convenir collectivement d'ouvrir les grands chantiers de réformes sur la base d'un diagnostic sans complaisance du fonctionnement de l'économie algérienne (les éléments de ce diagnostic sont connus, il faudrait avoir l'humilité au niveau des instances du pouvoir de reconnaître la nécessité du changement du mode de fonctionnement du système socioéconomique actuel). La période d'incubation des réformes peut être plus ou moins longue, mais la rupture avec l'économie de rente se réalisera.
Y. S.


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