Résumé : Ferroudja rentre au bled pour passer quelques jours chez ses parents. La famille est heureuse de l'accueillir, et son père se désole de la voir trimer pour leur permettre se survivre. Mais elle le rassure et lui offre un cadeau. Le vieil homme est comblé. À sa maman, Ferroudja remet une gandoura, un foulard et une somme d'argent pour subvenir aux besoins de la famille pendant quelque temps. -Ce soir, je vais rendre visite à Dadda, ton oncle, lui dit sa maman. Tu n'aimerais pas m'accompagner Ferroudja ? -Si, je le veux bien. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas vu mon oncle. J'ai ramené des dattes et quelques friandises, prends-en un peu avec toi pour ses enfants.. -Oui Ferroudja, j'ai pensé à leur en garder une petite part. Dadda habitait non loin de chez Ferroujda. Le sentier escarpé qui menait à sa maison était jonché de figues de Barbarie. Une odeur âcre montait de la terre, cela sentait la saison des labours. La mère de Ferroudja ouvre la grande porte de la maison familiale. Elle pénètre et tire Ferroudja par la main. Une longue cour s'étendait. Elles la traversent et s'approchent de la grande salle, où un brouhaha leur apprend que la famille était en train de dîner. Les petits neveux se lèvent et viennent embrasser leur tante et Ferroudja, avant d'aller se rassoir devant une table basse, sur laquelle trônait un grand plat de couscous. Le frère aîné de Laldja, la mère de Ferroudja, était allongé sur une natte, un chapelet entre les doigts. Ferroudja et sa mère allèrent l'embrasser sur le front. -Comment vas-tu mon frère ? -Je vais bien ma sœur, et toi, comment vas-tu ? Comment va Ali, ton mari ? -Il va mieux ces derniers temps. Ses douleurs se sont atténuées quelque peu. Ferroudja lui a ramené des médicaments. L'oncle jette un regard à sa nièce et détourne la tête : -Ta fille Ferroudja est une vagabonde Laldja. Laldja rougit, mais riposte : -Non mon frère, Ferroudja n'est pas une vagabonde. Elle travaille pour nous. Grâce à elle, nous mangeons à notre faim. -À t'entendre parler ainsi, on dirait que vous mourrez tous de faim. Et ces champs donc, pourquoi vous ne les exploitez pas ? -Qui va les exploiter mon frère. Ali n'a plus sa santé, les garçons sont partis sous d'autres cieux. Heureusement que Ferroudja travaille pour nous, sinon je ne sais pas ce que nous serions devenus. Le frère se lève d'un bond. -Elle travaille pour vous ? Elle travaille pour vous ! Que fait-elle donc seule dans la grande ville ? Une fille livrée à ses caprices. Que fait-elle ? Où loge-t-elle ? Vous vous êtes demandé au moins où elle passe ses nuits ? Regarde la donc : elle s'habille en pantalon et met des pulls trop serrés. Elle vous déshonore et vous êtes contents. Tout le village se délecte à votre sujet dans ses discussions. Laldja tremblait devant son frère, tandis que Ferroudja, outrée par tant de méchanceté, se lève pour quitter les lieux. -Où vas-tu, reviens ici, rugit son oncle. -Viens te rasseoir Ferroudja, ne met pas ton oncle en colère. (À suivre) Y. H.