Résumé : Au restaurant, Nabil parle comme un philosophe. Nawel est subjuguée par ses dires. Si bien qu'elle se détendit. Il en est heureux et lui parle de Kamélia Rostom qui le captive. Une rivale de taille... Elle se sentit tellement bien qu'elle était capable de chanter à tue-tête. Mais Nabil revient aux choses sérieuses, et lui demande de lui narrer le récit de sa vie. Nawel perd un peu de son euphorie. Elle ferme les yeux, puis les rouvre pour lancer en soupirant : -Oui... Je me dois d'ailleurs de te raconter ce passé qui me hante tant... Nabil lui serre la main : -Seulement si tu te sens d'aplomb... Elle soupire. -J'ai passé des années avec ce fardeau sur ma conscience, il est temps pour moi de m'en débarrasser... Tu avais raison de me dire qu'il faut savoir cracher ce qui nous étouffe. Il hoche la tête et écarte ses mains dans un geste d'impuissance : -Que pourrait-on faire de meilleur ? -Rien ! Elle se verse un verre d'eau, puis entame : -Je me suis arrêtée au moment où Kamélia Rostom naissait. -Oui, tu devais assurer cette chronique dont tous les lecteurs sont devenus accros. -Oui, pas seulement... J'ai même reçu des propositions pour des adaptations au cinéma et à la télé. -Le succès, quoi... -Tout est allé trop vite... Une fois mes pages lancées, on ne voyait plus le quotidien sans un récit journalier... J'étais sollicitée d'un peu partout. Je donnais des conférences, recevais des propositions, rencontrais des gens de tout âge et de tout niveau... Je m'épanouissais dans mon travail et, plus encore, j'étais folle amoureuse de Fayçal, qui n'était pas non plus indifférent à mon égard. Grâce à moi, le journal prospérait... Pour être plus franche, personne ne s'attendait à autant de réussite en un laps de temps. À la rédaction, on ne jurait plus que par mon pseudonyme. J'étais devenue la mascotte, l'adulée... Tout le monde se vantait de mes exploits. Fayçal prenait plaisir à écouter tous ces gens autour de lui, faire mon éloge. Un jour, il crut opportun de s'approcher davantage de moi pour m'inviter à fêter mon anniversaire, quelque part, en tête-à-tête. Je n'en crus pas mes oreilles. J'étais trop absorbée par ma tâche pour penser à ma date de naissance, et en sus, la proposition de Fayçal me prit au dépourvu... Un peu surprise, je ne donnai pas ma réponse tout de suite... J'avais peur de me réveiller dans mon lit et de constater que tout ce qui m'arrivait n'était qu'un beau rêve passager. Hélas ! C'était compter sans l'insistance de Fayçal qui ne me lâchait plus d'une semelle. À la fin de la journée, il réitère son invitation et pour balayer toutes mes hésitations, il m'avoue qu'il avait déjà réservé une table dans un restaurant réputé. Je ne pus donc échapper à cette sortie, qui en fin de compte s'avérera très agréable. Non seulement le lieu était des plus coquets et la nourriture succulente, mais la présence de cet homme à mes côtés, le jour de mon anniversaire, m'a fait sentir que rien ne pouvait égaler mon bonheur. Je passai une agréable soirée. Pour la circonstance, Fayçal m'offrit une jolie bague en or en gage de son amour pour moi. "En attendant nos fiançailles", me dit-il en la passant à mon doigt. Je crus défaillir... Tout se passait vite... Trop vite, entre nous... Je ne pouvais encore y croire... Je me suis pincée à maintes reprises pour m'assurer que je ne rêvais pas. Fayçal m'aimait... J'en avais la preuve formelle... Il parlait déjà de fiançailles... Je conclus que ses intentions étaient des plus sérieuses... Je me disais que le bon Dieu me bénissait peut-être pour une bonne action en m'offrant sur un plateau tout ce qu'une femme pouvait souhaiter dans ce monde. Ma carrière progressait positivement. J'étais jeune, belle, ambitieuse, et secrètement éprise d'un homme qui, au moment où je m'y attendais le moins, me proposait de partager sa vie. -Alors tu ne dis rien, Nawel, me demande-t-il. Trop émue pour parler, je secoue la tête. -Tu es trop émotive ma chérie, poursuit-il, bien trop pour une femme de ton caractère... J'aimerais juste connaître ta réponse. -Ma réponse ? -Oui, je parlais de fiançailles... J'ai indirectement fait ma demande en mariage. Je vais la reformuler plus simplement : Nawel, consens-tu à m'épouser et à partager ma vie jusqu'à mon dernier souffle ? Mon cœur battait dans ma poitrine... Je me retins à ma chaise pour ne pas tomber. La lueur des bougies allumées sur toutes les tables du restaurant rendait l'atmosphère des plus romantiques. Fayçal sourit : -On dit que le silence est un signe d'acquiescement, est-ce vrai ? Je reprends mon souffle pour demander d'une petite voix : -Qu'es-ce qui est vrai ? -Ton consentement à m'épouser Nawel. J'avale ma salive : -Je... je ne sais pas encore... Tu me prends au dépourvu... Je n'ai jamais pensé... Il m'interrompt : -Cesse de raconter des sottises... Tu m'aimes Nawel. Je le ressens au plus profond de moi-même... Tu m'aimes et tu n'attends qu'un signe de moi pour déballer ce trop-plein de sentiments à mon égard... Voilà... je fais le premier pas... À toi d'emboîter la suite... -Non... Tu te trompes. Je... je ne suis pas amoureuse de toi (À suivre) Y. H.