Anzar fait partie de la nomenclature des prénoms amazighs masculins, adoptée en Algérie en 2013. Il s'agit d'un mot berbère qui signifie "pluie" et que l'on relève dans quelques dialectes : anzar, dans les parlers de Néfousa en Libye et Siouah en Egypte ; amzar à Ouargla ; anzar en chaoui et dans quelques parlers marocain : chleuh, rifain, Maroc central... En kabyle, anzar désigne les rogations de la pluie ou les invocations pour faire pleuvoir. Selon la légende recueillie en Kabylie, Anzar, le génie de la pluie (ou dieu), habitait dans le ciel, commandant aux nuages, contrôlant les points et les cours d'eau de la terre. Un jour, alors qu'il descend sur terre, Anzar remarque une jeune fille qui se baignait toute nue dans l'eau d'une rivière. Il s'éprend aussitôt d'elle et veut l'emmener avec lui, dans le ciel. Comme elle refuse, il s'emporte et fait disparaître les eaux. La soif et la misère s'installent : il faut que la jeune fille accepte de le rejoindre pour que le cycle de l'eau soit rétabli. Depuis, dit la légende, lorsque la sécheresse menace, on procède aux rogations d'Anzar : on choisit la plus belle fille du pays, on l'habille comme une fiancée, et on la promène, l'offrant à Anzar qui, en souvenir de son amour terrestre, ne manque pas de réagir, en envoyant la pluie. En Kabylie, où la légende d'Anzar a été recueillie, et dans certaines régions du Maroc, les rogations de la pluie sont appelées tislit nw anzar, la fiancée de la pluie, terme par lequel on désigne aussi l'arc-en-ciel. Le rite d'Anzar est le fait exclusif des femmes. Dès que le spectre de la sécheresse se confirme, elles se réunissent et, sous la direction d'une matrone, choisissent une jeune fille, l'habillent en mariée et la font monter sur un âne. Le cortège, suivi par les enfants, part quêter de la nourriture, et la procession grossissant de village en village, on se rend dans une mosquée ou dans un sanctuaire où on prépare à manger. La fiancée est dénudée et revêtue d'un filet à fourrage. Une louche à la main, elle supplie Anzar de donner la pluie. Les enfants chantent le couplet suivant : "Anzar, Anzar, Dieu abreuve la terre jusqu'aux racines !" Dans certaines régions, la fiancée de la pluie est battue par les enfants avec des branches d'ortie. L'objectif est de la faire pleurer pour que le ciel s'attendrisse et accorde la pluie. M. A. Haddadou [email protected]