"L'ensemble des produits alimentaires que les Algériens consomment au quotidien sont douteux", a affirmé M. Akli Moussouni, expert agronome et chercheur en développement durable, qui participait, hier, à la journée d'étude sur l'utilisation des antibiotiques dans les produits alimentaires, organisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Bouira et l'université Akli-Mohand-Oulhadj, à l'occasion de la Journée internationale de la protection des consommateurs. Pour cet expert, l'utilisation des produits chimiques et autres additifs alimentaires est "systématique" dans l'industrie agroalimentaire en Algérie. "Il ne faut pas se leurrer, les Algériens, à l'instar du monde entier, consomment des produits chimiques à longueur de journée. C'est une évidence moult fois vérifiée", a-t-il dit. Pour étayer ses propos, M. Moussouni donnera des exemples qui démontrent, selon lui, que la situation est grave. Ainsi, d'après lui, le lait en sachet que les Algériens consomment au quotidien n'a aucun apport et aucun bienfait sur leur santé, bien au contraire. "Souvent quand on consomme du lait en sachet, on a l'impression de boire de l'eau blanche. Et bien, c'est tout à fait le cas, car lors du procédé de pasteurisation, ce lait perd près de 95% de sa teneur en vitamine", a-t-il expliqué. Autre exemple, la pastèque, d'après M. Moussouni, derrière son aspect rouge vif et appétissant se cache... du mazout. "Certains agriculteurs n'hésitent pas à irriguer leurs pastèques avec de l'eau mélangée au mazout, afin qu'ils puissent obtenir une belle couleur rouge (...) on consomme du mazout à notre insu", a-t-il averti. Et d'ajouter : "Savez-vous qu'on administre des antibiotiques au poulet de chair une journée avant son abattage, ce qui est strictement interdit." M. Moussouni, qui est également connu pour ses positions tranchées, estime que l'Etat "fait peu de chose" pour se prémunir contre l'utilisation des antibiotiques et autres compléments alimentaires. "Il faut être franc avec nous-mêmes, les responsables ne font rien ou presque pour protéger les consommateurs. Ces derniers sont livrés à eux-mêmes et doivent faire preuve de vigilance", a-t-il encore indiqué. Par ailleurs, le made in Algeria que le gouvernement Sellal voudrait booster à travers le crédit à la consommation, a été relancé en février dernier. L'ensemble des intervenants ont estimé que cette initiative est "salvatrice pour l'économie nationale", tout en insistant sur le fait qu'il faudrait sensibiliser le consommateur au "patriotisme économique". RAMDANE BOURAHLA