L'ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, a rendu hommage, dans un long texte publié sur sa page Facebook, aux deux moudjahid Rachid Adjaoud et Zina Harraïgue, décédés cette semaine, tout en dénonçant "l'indifférence quasi générale" qui a entouré la disparition de ces deux figures de la guerre de Libération nationale. Le Dr Sadi considère, dans son message, ces deux résistants à la fois comme "des modèles et des repères". Bien que n'appartenant pas à leur génération, M. Sadi, qui retrace succinctement le parcours des deux moudjahids, assure avoir eu la chance de connaître ces deux personnages originaires de la même région. "Le premier, maquisard de la wilaya III où il rejoignit les rangs de l'ALN très jeune, fut un proche collaborateur du colonel Amirouche auquel il dévoua une fidélité jamais démentie", indique M. Sadi, en évoquant la contribution de Rachid Adjaoud au combat libérateur. Saïd Sadi ne manquera pas de rappeler la déception incommensurable du moudjahid au lendemain de l'indépendance : "Attendant une éclaircie qui ne viendra pas, il exercera quelques mandats au FLN sans grande illusion. Il se consacrera alors à l'administration hospitalière jusqu'à sa retraite. Malade et retiré dans son village de Seddouk, il déploya une énergie et une ferveur comme seuls savent le faire les tamens de nos villages qui dédient leur temps à la collectivité pour informer et alerter les jeunes en témoignant sur ce que fut la vraie guerre et ses prolongements dans ses acquis comme ses ressacs les plus amers", affirme M. Sadi. Celui-ci assure qu'il devait revoir Rachid Adjaoud mais, indique-t-il, le destin en a voulu autrement. En évoquant le parcours de Zina Harraïgue, décédée samedi et inhumée dimanche, le Dr Sadi considère la moudjahida comme "un symbole de dévouement et de résistance pendant la guerre". L'auteur du message relève qu'elle aussi, tout comme Rachid Adjaoud, "fut happée par la désillusion d'après guerre", tout en précisant que c'est à l'occasion de la Conférence nationale des démocrates, lancée au début des années 90, qu'il l'a connue. "Je garde le souvenir d'une dame peu loquace et pourtant si présente. Tout en retenue, elle imposait un rapport implicite qui dissuadait d'entrée le propos oiseux ou tendancieux", témoigne le Dr Sadi qui se rappelle que la moudjahida s'était finalement résignée, au bout de quelques semaines, à se retirer et à reprendre sa vie de femme autonome. Pour le Dr Sadi, "cette femme qui aurait pu offrir la ferveur féconde à la responsabilité, vertu qui a tant manqué à l'Algérie indépendante, a observé, impuissante mais digne, la confiscation d'un combat épique auquel, jusqu'au bout, elle a voué sa vie". H. Saïdani