À l'instar de plusieurs régions de Kabylie, la fête de l'Achoura, 10e jour de l'hégire, s'est déroulée, mercredi, dans une ambiance particulière à Yakouren (48 km à l'est de la wilaya de Tizi Ouzou). Les chants psalmodiques des religieux et le programme d'animation élaboré à cet effet par le comité du village d'Ath Bouhini ont donné plus de couleurs à cette tradition qui se perpétue au mausolée dit El-Abad Cherif, à 3 km du chef-lieu communal. Perché sur une crête ombragée par de chênes séculaires qui tendent leurs branches pour recevoir des milliers de gens venus de partout afin de participer à la manifestation, l'air s'y emplit d'un bourdonnement continu qui rappelle un peu celui d'un essaim, mais plus profond et plus ample. La colline tout entière, culminant à plus de 900 m d'altitude, accueille les visiteurs dans un brouhaha couvrant le meuglement des bœufs et le bêlement des moutons que l'on immole à l'occasion. La route y menant a été d'ailleurs fermée à la circulation automobile contraignant ainsi les visiteurs à continuer la marche à pied pour arriver à destination. L'accueil réservé par les membres du comité qui a tout investi pour une meilleure organisation leur a vite fait oublier les vicissitudes du parcours ou encore les péripéties d'une aventure en pleine Timizert El-Abad. Selon Farid Oukacine, représentant du comité de village, 23 moutons et 3 bœufs ont été sacrifiés cette année. C'est dire que les marmites sont bien garnies et les effluves qui s'y dégagent constituent une invitation à déguster les mets préparés par les gourmets du village. La faim creuse les estomacs, mais qu'à cela ne tienne, car le couscous, préparé en quantité par les femmes de la région, est succulent et l'on peut s'en servir à satiété. Les organisateurs ont mis le paquet pour satisfaire les hôtes et se faire entendre par tous les visiteurs afin de pouvoir les servir dans une ambiance de liesse et de convivialité. En plus du brouhaha de la cohue, les sons deviennent encore plus stridents avec les klaxons de voitures et les bruits des pétards projetés par les bambins. RABAH KARECHE