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"L'Algérie est ma terre-mère et la langue française ma patrie"
eveline Caduc, de l'enseignement de la littérature à l'écriture de romans, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 03 - 11 - 2016

Eveline Caduc a été professeure de littérature et a choisi de n'être plus qu'écrivaine. Elle vient de signer son dernier roman "Une lumière dans la nuit" chez Dalimen. Elle revient dans cet entretien sur son passé algérien, sa reconversion à l'écriture romanesque et nous fait part de ses espérances.
Liberté : Cela vous fait quoi d'être à Alger ?
Eveline Caduc : J'ai toujours un grand plaisir à revenir à Alger. Comme je suis née à Bône, l'actuelle Annaba, qui n'était qu'une petite ville de province, Alger représentait pour moi la capitale. C'était aussi une ville où mes parents avaient vécu un temps et qu'ils avaient beaucoup aimée. Ma mère comme élève-institutrice à l'Ecole normale de Bouzaréah et mon père qui avait été infirmier à l'hôpital Maillot. Depuis une dizaine d'années, je suis revenue plusieurs fois à Alger dans le cadre d'activités universitaires, mais c'est la première fois que j'y reviens en qualité d'écrivaine.
Pas trop de problèmes avec l'organisation, vos livres n'étant pas encore sur les stands de Dalimen ?
Oui, c'est assez fâcheux de venir jusqu'ici et de ne voir présentement sur le stand de mon éditrice Dalimen qu'une affiche de la couverture ! J'ai bien eu entre les mains toutes ses épreuves corrigées mais je n'ai encore vu aucun exemplaire d'Une lumière dans la nuit. Et comme ce livre rassemble deux romans complémentaires : La maison des chacals et L'ex-Aletti, je ne voudrais pas penser que son absence soit due à la crainte de voir s'effondrer les fragiles étagères de ce stand sous une pile de pavés !
Vous passez de professeure de littérature à l'écriture romanesque. Comment s'est faite cette reconversion ?
Depuis l'enfance j'ai toujours aimé écrire et ce que j'écrivais s'apparentait plutôt à des poèmes. La conversion serait davantage dans le choix du genre romanesque. Mais pour répondre précisément à votre question, ce n'est qu'après m'être libérée de mes obligations d'enseignante que j'ai pu vraiment écrire et publier. Cette coupure très nette m'a été indispensable.
N'avez-vous pas peur des "métalangages" ?
Précisément non pour la raison que je viens de dire : cette coupure ! J'ai voulu oublier tout ce que j'avais enseigné pour pouvoir écrire comme je l'entendais. Le critique et l'écrivain sont en moi deux êtres complètement différents. Désolée pour ce côté "Docteur Jekyll and Mister Hyde" !
Vous êtes née en Algérie et tous vos romans parlent de l'Algérie. Peut-on vous définir comme auteure algérienne ?
Oui "auteure algérienne" s'il faut une définition. Non, pas au sens de nationalité mais au sens le plus profond pour moi : celui de la Terre ! L'Algérie est ma terre-mère et la langue française est ma patrie, comme l'ont dit de nombreux écrivains algériens qui utilisent le français.
Vous êtes plutôt dans "l'identité-rhizome" ?
Oui, cette expression me semble juste : identité-rhizome. Elle n'est pas en contradiction avec la terre-mère dont je viens de parler. "Et la terre en ses graines ailées voyage", a dit un poète que j'aime : Saint-John Perse.
Que peut la littérature ?
À vaste question réponse brève : "Ouvrir au divers". Autre réponse : comme toute forme d'expression artistique, la littérature permet d'entrer dans la vision de l'autre et, dans le meilleur des cas, de s'y fondre, de s'y retrouver soi-même et d'en ressortir plus fort... Mais c'est bien plus encore et c'est alors à chaque lecteur de donner sa réponse.

Une question que vous auriez aimé que je vous pose ?
J'aurais souhaité que vous me demandiez : "Pourquoi avez-vous écrit ce livre-ci ?" Je vous aurais répondu : pour faire connaître une autre vision du passé de l'Algérie avant l'Indépendance que celle qui est communément enseignée aux jeunes générations depuis tant de temps ! Une vision complémentaire qui fait partie du passé de ce pays où des communautés différentes ont coexisté tant bien que mal ensemble, mais une vision aussi qui ouvre sur l'avenir. Il s'agissait donc d'inciter la jeunesse d'Algérie à se donner des raisons d'espérer. C'est ce que j'ai essayé de faire dans ce livre, surtout dans la deuxième partie après l'Indépendance, à travers l'histoire d'Amina, une femme d'Alger sans appartement. Une lumière dans la nuit se termine sur une fête à faire ensemble.
Justement, votre dernier roman est dédié, je vous cite, "à toute la jeunesse d'Algérie afin qu'elle se donne des raisons d'espérer". Qu'est-ce qui fonde votre optimisme et vos espérances ?
L'écoute et l'observation des étudiants avec lesquels, depuis la France, je restais en contact pour la préparation de leur thèse. L'écoute et l'observation de la jeunesse lors de mes voyages en Algérie. Voici deux exemples, parmi tant d'autres, de jeunes, pourvus de formations directement utiles à leur pays mais dépourvus de relations ou de soutien financier familial, qui ne peuvent parvenir à trouver un emploi en rapport avec leurs compétences : un technicien supérieur en télécommunications dans l'incapacité de créer sa propre entreprise faute d'une nouvelle pièce chaque fois dite par l'administration "indispensable à son dossier". Une jeune femme diplômée en électronique dont la compétence est reconnue mais qui n'aura son contrat d'embauche que si elle passe la nuit avec son patron. En observant ces jeunes si nombreux à être issus de familles pauvres ou sans relations et qui refusent corruption ou prostitution, je fais deux constats en apparence contradictoires : l'intensité du découragement, et une révolte sourde contre l'injustice du système.
Bref, un mélange explosif ! Le pari optimiste que je fais est que tous les Algériens comprennent que les rêves naufragés sont matière en fusion. Devant ce danger dont la violence est imprévisible (l'Histoire l'a prouvé à maintes reprises). Le pari optimiste que je fais est que toute la jeunesse d'Algérie (les nantis et les pauvres) ait l'intelligence de se sentir solidaire de son avenir et qu'elle change le système qui entretient l'injustice et le déni de la dignité comme l'avait fait le système colonial. Des propositions constructives ont déjà été faites, en particulier par le mouvement Barakat qui rassemblait suffisamment d'expériences, d'origines politiques différentes et de jeunes intelligences pour imaginer une nouvelle organisation sociale. Le pari optimiste que je fais est qu'elles puissent être rapidement réactivées avant qu'il ne soit trop tard.
Entretien réalisé par : Mourad Fenzi


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