L'appel à la grève générale lancé via les réseaux sociaux, afin de s'insurger contre les dispositions qualifiées d'"infamante" de la LF 2017, a été diversement suivi, hier, à Bouira. Ainsi la quasi-majorité des commerçants de la ville de Bouira a baissé rideau pour protester contre les mesures d'austérité imposées par le gouvernement et dire "halte aux mensonges" de l'Etat. "Quand j'entends Sellal dire qu'il a fait son marché et qu'il a trouvé les prix raisonnables, je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. Notre Premier ministre vit dans une autre galaxie", indiquera un commerçant de la cité des 130-Logements. Pour d'autres, cette action vise, avant tout, à faire savoir au gouvernement que les couches populaires sont sévèrement touchées par la crise et que les mesures draconiennes contenues dans la loi de finances ne feraient qu'accentuer la paupérisation de la société. "Trop, c'est trop ! Nous sommes harcelés par les impôts, nous avons des dettes colossales et des charges à payer et cette loi ne fait qu'aggraver les choses", s'insurgera, pour sa part, un commerçant de la cité Harkat. Dans la commune voisine de Haïzer, l'une des premières faut-il le rappeler à avoir organisé une grève générale contre la LF 2017, le taux de suivi a frisé les 98%, selon certains membres du collectif des citoyens de cette municipalité. À travers les communes de Chorfa, de M'chedallah et de Saharidj, à l'extrême est de Bouira, le mot d'ordre a également été suivi. En revanche et à la surprise générale, les communes d'El-Esnam, d'El-Adjiba et de Bechloul, ont, pour ainsi dire, boudé cette initiative. Au sud et à l'ouest de la wilaya, notamment dans les communes de Sour El-Ghozlane et de Lakhdaria, rares sont les commerçants, qui ont adhéré à cette grève. Une source de la commune de Sour El-Ghozlane expliquera que la majeure partie des commerçants de cette commune ne posséderait pas un registre du commerce, ce qui expliquerait son désintérêt et sa non-adhésion à l'action. En revanche, dans les municipalités d'Aomar, de Kadiria et d'Aïn Turk, le taux d'adhésion a été jugé appréciable. Contrairement à Béjaïa, où la situation s'est envenimée, à Bouira, aucun incident n'a été enregistré, hormis la contestation des jeunes des localités de Raffour et d'Ahnif, à l'est de la wilaya, qui ont fermé la RN26 reliant Bouira à Béjaïa, de manière sporadique en signe de refus de la LF 2017. Rush sur les grandes surfaces commerciales Seule une interrogation demeure, est-ce que ce mouvement de grogne sociale s'étendra pour faire tache d'huile, ou bien s'essoufflera-t-il ? En attendant, les citoyens de la wilaya dans le but de parer à toutes éventualités, se sont rabattus sur les grandes surfaces commerciales, entre autres l'hypermarché Uno shopping center pour se ravitailler. En effet, dans l'après-midi d'hier, ce centre commercial a été littéralement envahi par les consommateurs. Certains d'entre eux, avouent "craindre le pire" et se ravitaillent en conséquence. Les rayons d'eau minérale, d'huile, de sucre et d'autres produits de première nécessité ont été "dévalisés". La fièvre acheteuse s'est emparée des familles qui ne savent pas combien durera la grève des commerçants. Reflexe naturel, surtout que l'appel à la grève relève d'une incitation sur le Net à baisser rideau. RAMDANE B.