L'Etablissement Art et Culture à travers Fouzia Laradi, la responsable de la Médiathèque de Didouche-Mourad a tenu à rendre hommage en ce lundi 9 janvier 2017 à l'écrivain, poète et urbaniste défunt Abderrahmane Zakad, qui nous a quittés en juillet dernier, laissant derrière lui un immense vide et un calme inhabituel compte tenu de la forte agitation qu'il créait autour de lui à chacune de ses participations aux débats littéraires où lors de ses rares passages médiatiques tant ses propos faisaient peur à beaucoup et n'étaient pas souvent les bienvenus dans une sphère où il faut toujours dire que "tout va bien dans le meilleur des mondes" pour se voir donner la parole. Devant une assistance composée d'amis et de lecteurs du défunt auteur, Mohamed Bouhamidi, Lazhari Labter et Djamel Mati ont tour à tour évoqué leurs souvenirs avec ce personnage "singulier", "unique" et "à part", selon les propos de l'auteur et journaliste Lazhari Labter, qui l'a connu lorsqu'il était directeur de l'édition chez Alpha, la maison qui lui a publié les deux romans Le vent dans le musée et Un enfant dans le M'zab. "Un homme entier et passionné qui ne sait pas faire les choses à moitié. Il est vrai qu'il parlait beaucoup, et lorsqu'on avait le malheur de lui donner un micro, il ne le lâchait plus, mais c'était toujours pour dire des choses intéressantes et vraies." Pour Mohamed Bouhamidi, son compagnon de longue date et ami de toujours, "Zakad a tous les critères d'un véritable écrivain, ses écrits répondent à toutes les caractéristiques requises pour parler de vrai talent d'écriture (...) Il innovait, créait, abordait des thèmes importants et inédits et ne faisait pas comme font ceux qui se contentent de reproduire ou redire ce que les autres ont déjà dit et se voient applaudir pour si peu (...). Ses personnages sont marquants et vous font vivre et palpiter votre cœur tout comme les personnages de Mohamed Dib dans La Grande maison. Voyez par exemple Malika, son personnage dans Trabendo, cette femme-courage qui se bat pour faire vivre ses trois enfants dans une société d'hommes sans merci. Elle a le sens des affaires et s'en sort grâce à ce travail de trabendo qu'aucune autre femme n'avait osé faire auparavant (...) Mais qu'en est-il de la reconnaissance qu'on lui doit ? Les médias ne lui ont jamais donné la place qu'il mérite alors que c'est une voix "algérienne" pure et authentique...". L'auteur Djamel Mati, quant à lui, a évoqué les nombreuses anecdotes et inoubliables souvenirs qu'il garde de cet homme passionné qui "n'hésitait pas à se mettre sur un trottoir ou sur la place publique pour vendre ses livres à la criée. Il m'a appelé un jour et m'a demandé de le rejoindre ; je l'ai fait ; on s'est installés devant ses livres en pleine rue d'Alger, on discutait et, au passage d'un piéton, il l'abordait pour parler de ses livres, et devant les réticents qui considéraient que son livre était cher, il disait : c'est ce qui te dérange ? Ok, voilà je te l'offre ; il le dédicaçait et le donnait gratuitement à la personne." C'est dire le grand cœur et la générosité de Abderrahmane Zakad comme ont en témoigné tous les présents à cette rencontre tenue en sa mémoire. Urbaniste et fou amoureux de l'Algérie, mais déçu de ce qu'on en a fait, il ne cessait de clamer : "Si nos villes et nos banlieues sont malades, c'est l'Algérie qu'il faut soigner, car c'est l'organisation actuelle de notre société qui exclut et marginalise." Samira Bendris