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La barbarie est le titre de la sauvagerie
LE TERRORISTE DE ABDERRAHMANE ZAKAD
Publié dans L'Expression le 18 - 11 - 2015

Face au mal absolu, la fatalité perd sa naïve conception populaire, - elle assassine.
Dans la barbarie, il n'y a pas de demi-mesure. En Algérie, durant «la décennie noire» ou «les années rouges», on disait «Silence, on tue.» On disait «Qui tue qui?». On disait cela de nous, ailleurs. Beaucoup, ailleurs, s'intéressaient au «laboratoire Algérie» où l'on espérait essayer quelques ingrédients maléfiques pour en faire une molécule curative de «L'Algérie libre et indépendante». La terreur s'était érigée en droit. «Qui? Comment? Pourquoi?», - trois interrogations formées dans le désordre par le destin, loin de la morale, loin de la foi, loin de la justice, au service du mal négligé. D'un coup, la vie est compromise, détruite, - elle n'a plus d'avenir!
La violence et l'horreur des attentats perpétrés, récemment à Paris, viennent heurter la porte de nos souvenirs affreux. Condoléances au peuple français et solidarité avec lui... En relisant l'ouvrage intitulé Le Terroriste de Abderrahmane Zakad (*), je me suis une fois de plus remémoré le grand malheur que le peuple algérien a subi dans les années 1990.
La période noire
Sous ce thème qui passionne fortement et dont chacun de nous se rappelle les souvenirs les plus affligeants, Abderrahmane Zakad a publié, «dans le cadre du Fonds National pour la Promotion et le Développement des Arts et des Lettres du Ministère de la Culture - Alger, 2009», un livre au titre utilement effrayant, Le Terroriste. Cependant, ce livre enseigne beaucoup et fait prendre conscience à la jeunesse «de son utilité dans le pays qu'elle peut et doit construire». Il nous ramène, au-delà de la fiction romanesque, à la réalité des souffrances de notre société en proie à la maladie du crime durant l'atroce décennie noire. Nous ne comprenions plus guère ni les causes ni les conséquences de notre désespérance; tout était malheur en nous, en dehors de nous.
Dans son ouvrage mi-roman mi-documentaire, poignant et pédagogique, l'auteur se veut fidèle à son projet: «Construit sur des faits et des événements vécus et subits par la population, ce roman combine fiction et réalité. Il n'a pas pour objet d'ajouter aux polémiques qui avaient perturbé nos institutions et servi de matière aux pseudo-analystes étrangers qui spéculaient sur la tragédie algérienne.»
Après les graves événements de 1988, de nombreux jeunes, longtemps laissés pour compte, désoeuvrés, victimes du chômage, soumis aux vices qui coûtent, se sont retrouvés embrigadés dans diverses mouvances rétrogrades dont l'objectif était d'instaurer le royaume des potentats. Séduits par des propositions d'une possible vie prochaine meilleure, puis bientôt atteints par une obnubilation morbide, certains jeunes, dans une totale ignorance des objectifs réels de ces mouvements, adhèrent à l'un d'eux parmi les plus virulents.
Parmi ces jeunes, un enfant de la Casbah, Mohamed Nabet, un désoeuvré inculte est aussitôt pris en charge par des spécialistes en matière de subversion et d'actions armées qui lui font commettre des attentats meurtriers. Ensuite, il est envoyé en formation à l'étranger d'où il revient aguerri et endoctriné. Désormais, sa vie ne lui appartient plus. Il est corps et âme au service d'une cause qui, pour maîtriser durablement sa conscience humaine, l'a détruite.
Abderrahmane Zakad, à travers l'assassinat, en 1994, d'un journaliste, billettiste talentueux et dont l'attitude a quotidiennement témoigné d'une rare vision réaliste de la situation dramatique que connaissait la population intelligente de son pays, reproduit et analyse point par point, à la manière d'un enquêteur de haute conscience professionnelle, la chronologie d'une tragédie nationale. Tant d'intelligences proches du peuple (écrivains, artistes, cinéastes, journalistes, hommes de culture, hommes de bien, hommes de paix,...) ont été atteints par les balles de l'ignominie, de l'intolérance, de l'inculture et de la réaction, en concurrence triomphante avec l'absurdité absolue.
Le terrorisme, au service de l'intégrisme, décime la population, Zakad écrit: «Le terrorisme sans qu'on y prenne garde s'installe et Alger est soumise à une forme de guerre nouvelle, vicieuse au possible, d'une redoutable efficacité. La guerre urbaine crainte par tous les pays rampe dans le tissu urbain de la capitale, densément peuplée. À l'Assemblée, on vote la confiance au gouvernement avec l'augmentation de crédits pour combattre la bête immonde. [...] L'armée revoit son redéploiement et complète sa mission par une formation adaptée des troupes, la police se réorganise, la population prend conscience du danger. Alger la Blanche traverse une période noire.»
Le principe et la forme
Le journaliste Salim Mehmel du roman - en fait, Saïd Mekbel dans la vie, et qui était l'ami de Abderrahmane Zakad depuis l'école primaire à Bejaïa - est désigné au tueur Mohamed Nébat, alias Moh Milano, par «son commanditaire, l'émir Abou Sofiane de Bouzaréah [qui] avait insisté pour que ce soit ce journaliste et pas un autre». Le terroriste commet ce crime abominable, et bien d'autres.
Moh Milano est alors bien vu par ses chefs pour son engagement et ses actions destructrices. Il grimpe les échelons et devient chef terroriste. Passé maître redouté de la Casbah, il est auteur de plusieurs attentats sanglants et se trouve bientôt confronté aux difficultés du combat. Traqué par les forces de sécurité, il prend conscience que son combat injuste contre son peuple est utopique. En outre, il se rend compte que ses «seigneurs», «les chouyoukh», et les émirs le manipulent. Il décide, avec son acolyte Ali-Béréta, d'abandonner l'idéologie pour laquelle il croyait combattre pour verser dans les trafics en tout genre afin de «se faire de l'argent et s'enfuir». Mais le commissaire Randi a juré de l'éliminer; il le traque inlassablement. Un combat sans merci s'engage alors entre les deux hommes, donnant au récit le rythme rare du genre suspense...
Dans l'ouvrage que nous propose Abderrahmane Zakad, l'histoire, ainsi que va la vie, est simple, sans trop de philosophie ni trop d'amertume; mais, reconstituant une action meurtrière, le témoignage est fort. Comme à son habitude, l'auteur, qui a déjà publié de nombreux ouvrages aux titres très évocateurs, très significatifs, et très allusifs aussi (Trabendo, Un Chat est un chat, Les Jeux de l'amour et de l'honneur, Le Vent dans le musée, Une Enfance dans le Mzab, Une femme dans les affaires, Les Amours d'un journaliste,...), se sert d'une plume alerte et sûre. Guidée par une pensée sincère et authentique qui se fonde sur des faits et des événements véridiques, cette plume a la juste humeur de l'actualité, tantôt acérée, tantôt généreuse, tantôt humoristique, tantôt troublée devant un coeur plein de larmes; elle puise toutes ses ressources d'écriture dans les stratégies de communication conformément aux techniques psychologiques, sociologiques, littéraires, et par là, elle nous peint, avec un réalisme bouleversant, des situations, des actions et des personnages dont l'écho entretient encore notre mémoire. Mais il est vrai que Zakad tire de sa formation (ancien officier de l'ALN et de l'ANP, urbaniste, aujourd'hui à la retraite et épris de littérature) le principe et la forme de son oeuvre.
Un échantillon? Le voici: dès les premières lignes, extraites de l'Avertissement en tête du roman, nous lisons: « ́ ́Faites quelque chose, Monsieur le Président ́ ́, dit cette femme sur son lit d'hôpital, lors de l'attentat d'Alger, boulevard Amirouche, en 1995 - ́ ́Que faut-il faire Madame?... ́ ́, lui demande le Président de la République. Alger vit dans la peur.» Et en épigraphe est placée cette poignante citation: «J'aimerais bien savoir qui va me tuer. Mais est-ce cela que j'aimerais bien savoir? Parce qu'il y a d'autres questions plus importantes. Par exemple, comment je vais être tué et cette autre question: pourquoi on va me tuer? Quand on va me tuer? (Début d'un texte inachevé, écrit par le journaliste Saïd Mekbel, trouvé dans son bureau. Publié par le quotidien Le Matin du 6/12/94 après son assassinat).»
Fiction et réalité sont subtilement accordées par Abderrahmane Zakad pour témoigner, sans polémiquer, d'une période tragique vécue par le peuple algérien, tandis que l'on spéculait ailleurs sur l'avenir de l'Algérie.
(*) Le Terroriste de Abderrahmane Zakad, Editions Mille-Feuilles, Alger, 2009, 200 pages.


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