Résumé : Farid tente de repousser les avances de Houria, en lui promettant de la recontacter plus tard. Il quitte le studio où il avait végété durant son enfance et qui avait servi d'atelier de travail à son père. Il avait appris à user de l'arnaque pour arriver à ses fins. Sa femme, Karima, enseignante dans un CEM, avait beau lui demander de chercher un travail convenable, et de laisser tomber ses petits boulots d'occasion, il n'en avait jamais eu cure. Lui, ce qui l'intéressait, c'est l'argent facile. Et pour cela, il estime que tous les moyens, quels qu'ils soient, sont bons. La société, telle une ogresse, engloutissait les plus faibles et ne permettait qu'aux plus hardis de réussir. De plus en plus de gens de nos jours avaient recours à l'arnaque pour atteindre leur but. Eh oui ! C'est une méthode comme une autre d'arriver à ses fins, lorsque l'on n'a plus rien à perdre. N'est-ce pas par ce moyen qu'il a réussi à obtenir cet appartement, que Houria avait intégralement payé sans même le savoir ? Il lui avait donné un prix faramineux, et lui avait juré qu'il n'avait que la moitié du montant demandé par le propriétaire. Elle s'était inclinée devant son air abattu, et avait cassé sa tirelire pour lui remettre ses économies. Il s'était alors dépêché d'établir un acte de propriété en son propre nom, sans dépenser le moindre sou. Il avait même récolté de la "petite monnaie" en ayant recours à une petite négociation d'usage dans le domaine de l'immobilier. Il se frotte les mains. Depuis le temps qu'il habite chez ses beaux-parents ! Sa hantise de se retrouver à la porte ou d'abandonner sa fille ne l'avait jamais quitté jusqu'au moment où il reçut les clefs en main. Maintenant adieu la soumission ! Il ne va plus servir de bouc émissaire aux caprices de son épouse ou aux sautes d'humeur de sa belle-mère. Dès ce soir, il mettra Karima au courant de cet appartement tombé du ciel et qui sera bientôt leur foyer. Bien sûr, il ne lui dira jamais la vérité sur son acquisition et saura la convaincre sur la provenance de l'argent qui a servi à son achat. Lamia traverse ses pensées. Celle-là aussi est bonne à mettre à l'épreuve. Tout comme Houria, elle s'accrochera à ses basques et déliera les cordes de sa bourse pour prouver la sincérité de ses sentiments. Elle ira jusqu'au bout. Pour arriver à cette conclusion, il va puiser dans le hobbies habituels des amoureux transis, qui se disent prêts à vendre leur âme afin de satisfaire l'être aimé. Lamia était une femme sentimentale, dotée d'un romantisme sans égal. C'est un peu ce genre de femmes qui semblent à chaque fois sur leurs gardes, mais qui finissent par tomber dans le piège le plus profond, tendu à leur intention. Il n'avait donc plus qu'à attendre et laisser venir. Ah ! Les femmes ! Elles sont pratiquement toutes les mêmes. Toutes prêtes à se jeter dans la gueule du loup pour atteindre leur objectif sentimental. Mais elles ont la fâcheuse habitude de se tromper, sans même s'en rendre compte. Le taxi frôle le trottoir et s'arrête devant un immeuble en piteux état. - Voilà, Monsieur, vous êtes arrivé. Farid prend un billet et le lui tend. - Voilà pour votre peine, mon ami. - Pour ma peine ? Mais vous me devez encore cinquante dinars. - Cinquante dinars ! Mon Dieu, dans quel monde vivons-nous ! Vous me ramenez d'un quartier mitoyen. Je vous donne plus que le prix de la course et vous osez me réclamer davantage ! Vous ne trouvez pas que c'est exagéré mon bonhomme ? Le taxieur soulève sa casquette et s'essuie le visage avant de répondre. - Je vous assure que le montant de la course n'est aucunement exagéré. Je n'ai même pas appliqué le tarif de nuit. - Ah oui ?! Parce que la nuit c'est spécial. Et en plein centre-ville de surcroît ? - Vous pouvez vous renseigner, Monsieur. Les tarifs de nuit sont différents de ceux de la journée. C'est toujours risqué les courses nocturnes. Vous devez le savoir. - Oui. Et même trop bien. (À suivre) Y. H.