Résumé : Lamia demande à Farid de lui confier ses aléas professionnels. À court d'arguments, ce dernier rétorque qu'il était un peu tard. La jeune femme veut rentrer sans plus attendre, et le jeune homme fait semblant de chercher son portefeuille. Lamia ouvre son sac et prend son porte-monnaie. - Laisse. C'est moi qui vais régler l'addition. - Tu n'y penses pas, c'est moi qui t'ai invitée. - Ce n'est rien, Farid. J'ai assez d'argent dans mon sac pour payer deux cafés tout de même ! -Je suis vraiment confus. - Ce n'est rien, il nous arrive à tous d'avoir l'esprit ailleurs. Allez, rentrons. Je ne veux pas rater le journal télévisé. Farid dépose Lamia chez elle et flâne un moment, puis se gare non loin de son immeuble et rencontre Hénia, qui l'attendait au seuil du portail. Jeans en double peau, chemise échancrée, les cheveux teints en blond platine. - Salut Hénia. Tu fais le pied de grue ? - Oui, je t'attendais. Il se fait tard et j'ai un rendez-vous important. - Avec le ministère ? Elle lui jette un regard foudroyant. - Je n'ai pas de temps à perdre avec toi, Farid. Allez, donne-moi les clefs du véhicule et le prix de la course. Il lui remet un billet de 500 DA qu'elle fait tourner dans sa main avant de lancer d'un air interrogateur : - C'est tout ? - Ne sois pas trop gourmande, j'ai fait le plein. - Le plein ! Il ne fallait pas. Tu aurais tout simplement dû mettre la vitesse au point mort et on t'aurait aidé à pousser le véhicule. Il tend la main et lui caresse la joue. - Sois donc compréhensive, ma chérie. Tu sais bien que je chôme. - Oui, tout comme moi. - Tu plaisantes ? Il paraît que tu es tombée sur un beau porte- monnaie. - Humm. Je vois que les nouvelles vont vite. Un de ces quatre, je vais étrangler Gamra. - Et ma femme. - Pourquoi ta femme ? - Afin que je puisse t'épouser et hériter de ta fortune quand on te jettera en prison. - Petit voyou. Tu es un salaud de la pire espèce, Farid. - Peut-être. Mais nous nous valons tous les deux. Elle allume une cigarette d'une main tremblante et secoue la tête. - Tu as bien sûr réponse à tout. Allez, rajoute-moi un autre billet et je file. - J'aimerais bien, mais mes poches crient famine. - Je peux voir ? - Regarde. Il y a même un grand trou au fond de l'une d'elle. - Bon. Ce sera toujours un crédit à combler la prochaine fois que tu auras besoin de mon véhicule. Farid, qui s'apprêtait à monter les escaliers, revient sur ses pas. Il s'est rappelé soudain qu'il aurait besoin plus tôt que prévu du véhicule de Hénia pour ses prochains rendez-vous avec Lamia. - Hé, Hénia. Tu veux un autre billet ? (À suivre) Y. H.