Résumé : Karim prend un taxi pour rentrer chez ses beaux-parents. Arrivé à destination, il tend un billet au taxieur, mais ce dernier lui réclame encore cinquante dinars. Ne savait-il pas que les courses nocturnes sont risquées ? La lame d'un couteau brillait dans les mains de Farid. - Rendez-moi donc mon billet, et nous serons quitte. Il fait luire encore l'arme blanche, introduite dans la manche de son blouson, et le chauffeur, tout tremblant, lui tend e billet. - Bien Monsieur. Voilà votre billet. Farid regarde le billet et le fait tourner entre ses mains. - Ce n'est pas ce billet que je t'ai remis, lance-t-il d'une voix dédaigneuse. Tu veux encore m'arnaquer ? Tu n'as donc pas compris la leçon ? Livide et tremblant de peur, le chauffeur se saisit d'une petite caisse sous le siège avant et la lui tend. - Voilà. Voilà, Monsieur. Vous avez tous les billets là-dedans. - Ah ! enfin, tu as compris, mon brave. Il soulève le couvercle et découvre plusieurs billets de 2000, 1000 et 500 DA ainsi que quelques pièces de monnaie au fond de la boîte. Hochant la tête, il prend une pièce de deux cents dinars et la tend au taxieur. - Cela suffira-t-il pour couvrir la course ? Le chauffeur garde le silence, puis baisse les yeux sur la pièce. - Oui, cela suffira Monsieur. La course vous a coûté 150 DA. - Tu gardes donc la monnaie. Tu vois comme je suis généreux ? J'ai même pensé au pourboire - Euh, oui, Monsieur. Merci, Monsieur. Farid ricane et caresse le visage du taxieur avec la lame du couteau. - Un taxieur ne doit jamais garder une barbe hirsute comme la tienne. - Oui, oui, vous avez raison, balbutie le malheureux bonhomme, je n'ai pas eu le temps de me raser. - Je peux le faire pour toi. Tu vois, la lame de mon couteau est assez tranchante pour ça. Les yeux exorbités, le chauffeur joint les mains. - Mon frère, au nom de Dieu, ayez pitié de moi, j'ai des enfants en bas âge qui ont encore besoin de leur père. - Mais qui te dit que je vais te tuer ? Je veux juste te laisser un gentil petit souvenir sur le visage afin de te rappeler le prix d'une course nocturne. - Je vous ai tout remis, mon frère. C'est tout ce que je possède sur moi. - Bon ! Farid soupire d'un air las. -N'aie crainte, mon cher ami, je vais descendre. Mais un seul mot sur ta dernière course aujourd'hui, et je ne ferai de toi qu'une bouchée. Il fait jouer la lame du couteau, et le malheureux taxieur blêmit. Il porte une main tremblante à sa bouche. - Aucun mot ne sortira. Je jure devant Dieu. - Bien, mon brave. Tu comprends vite. C'est ce qui me plaît en toi. Farid descend du véhicule, il referme la portière en faisant un signe de la main. - Au revoir. Fais bien attention à toi. La nuit c'est toujours risqué. Il se dirige d'un pas traînant vers la porte de l'immeuble tout en comptant les billets qu'il avait pris au fond de la petite boîte en métal. Il se débarrasse de cette dernière et fourre l'argent dans sa poche. "Hum... La récolte a été bonne pour ce soir. Je ne me plains pas trop", se dit-il. (À suivre) Y. H.