Au lieu de créer le marché commun de l'UMA prévus par ses statuts, le Maroc postule à la Cédéao, alors que la Tunisie et l'Algérie sont en discussions avec la Comesa. L'Union du Maghreb arabe, qui n'est plus évoquée qu'à l'occasion des dates anniversaires dans les messages que s'échangent les chefs d'Etat maghrébins, ne semble plus être qu'une organisation régionale n'existant que sur papier. C'est du moins ce que laissent supposer les derniers agissements de ses pays membres, qui montrent clairement qu'ils sont incapables de concrétiser les objectifs qu'ils se sont fixés à sa création en février 1989. En effet, alors que le Maroc est candidat à la Communauté économique des pays de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), la Tunisie devrait devenir membre en octobre 2017 du marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), tandis que l'Algérie est en négociations avec cette même organisation pour en devenir également membre. Le secrétaire général de la Comesa, Sindiso Ngwenya, a déclaré à l'agence TAP dimanche à l'issue d'un entretien avec le président du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, qu'il était à Tunis pour "assister au démarrage des négociations relatives à l'adhésion de la Tunisie". Il a rappelé que la demande d'adhésion de ce pays avait été acceptée en octobre 2016, lors de la réunion des présidents des gouvernements des Etats membres de ce marché. Il a également indiqué que "des négociations sont actuellement en cours", quant à l'adhésion de l'Algérie au Comesa, assurant au passage que le marché "est ouvert et pourrait accepter l'adhésion d'autres pays africains", soutenant que l'objectif de l'organisation étant de réaliser la complémentarité africaine. Pour en revenir au Maroc, un communiqué de son ministère des Affaires étrangères avait révélé qu'un courrier a été envoyé à Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Cédéao, le vendredi 24 février, dans lequel il a demandé d'adhérer à cette communauté, où il jouit déjà d'un statut d'observateur. Seule la Libye, probablement en raison du chaos y régnant depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, n'a pas engagé d'actions similaires. De son côté la Mauritanie, qui a quitté la Cédéao en 2000 assiste impuissante à cette mise à mort de l'Union du Maghreb arabe, dont aucun des objectifs n'a été concrétisé pour diverses raisons. Comment peut-on le faire quant la frontière entre deux de ses pays membres demeure fermée pendant plus de vingt ans en raison des différends existant entre eux, sans que les efforts nécessaires pour leur résolution soient fournis. C'est un cercle fermé dans lequel se sont retrouvés coincés les pays membres de l'UMA, sans que nul ne puisse faire avancer les choses. N'étant plus qu'une organisation, réduite à sa plus simple expression, l'Union du Maghreb arabe risque désormais de disparaître totalement alors que les experts internationaux voyaient en elle, à sa création, une planche de salut pour les peuples du Maghreb. Merzak Tigrine