Résumé : Faisant fi des menaces de son ami, Farid sort du café et se rend dans un taxiphone pour appeler Lamia à qui il proposera une promenade au bord de la mer pour le lendemain. Après quelques hésitations, cette dernière accepte. Farid raccroche. Il demeure pensif un moment avant de penser à rentrer chez lui. Il voulait aussi rencontrer Gamra. Elle seule pourra l'aider à écouler les bijoux volés dans l'après-midi, et puis il lui demandera aussi de contacter Hénia pour le véhicule. Il prend le bus et descend non loin de son quartier. Les mains dans les poches, il se met à flâner en marchant d'un pas lent et assuré. Il repense à Houria qu'il ne voulait ni entendre ni revoir. Tout compte fait, pour brouiller les pistes, il vendra l'appartement et en achètera un autre dans un quartier éloigné de la ville ou même dans une autre ville. Elle ne pourra plus alors retrouver sa trace. Qu'elle crève donc cette folle ! Il se rappelle ses promesses. Houria voulait se marier avec lui. Quelle farce ! Il n'est resté avec elle ces derniers mois que pour lui soutirer la somme nécessaire pour payer ce trois-pièces. Mais elle ? Elle a dû passer des nuits à rêver de lui. Et si un jour elle découvre la vérité ? Cela sera peut-être le coup de grâce pour elle. Il hausse les épaules. Et alors ? Il lui rendra un précieux service en la délivrant définitivement de ses maux. Tout en réfléchissant, il arrive aux abords de son immeuble. Gamra était en train de crier et de gesticuler sur le seuil. Grossière et vulgaire à souhait, elle pouvait faire tomber des pierres du ciel par son vocabulaire ordurier. Elle était en pleins "échanges" avec une voisine qui habitait deux immeubles plus loin. - Petite chiffonnière, tu voulais m'arnaquer ? - Non, non, criait innocemment la voisine. Je voulais être discrète. Je n'aimerais pas trop que quelqu'un me surprenne chez toi, c'est uniquement pour cette raison que je ne suis pas revenue. - Pourtant aujourd'hui, tu reviens pour me demander un énième service. Crève donc avec ton soulard de mari. Moi, je ne t'aiderai plus. Qu'il te batte à mort, qu'il t'arrache les yeux et qu'il aille chercher ailleurs une femme plus jeune et plus belle que ta gueule de guenon. Va donc griller en enfer. Des voisines se penchent aux balcons et quelques passants amusés s'arrêtent. Gamra avait la langue pendue, et la jeune femme, toute tremblante, rentre chez elle en rasant les murs. À coup sûr, elle n'aurait pas voulu se donner en spectacle. Farid, qui avait suivi toute la scène, tire Gamra par la main et la pousse à l'intérieur de l'immeuble. - Laisse-moi, Farid, laisse-moi donc. Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, criait-elle. - Allez, viens, viens Gamra, laisse tomber cette malheureuse. J'ai quelque chose de plus important pour toi. Gamra reprend son souffle et se retourne vers lui. - Qu'est-ce que c'est ? Farid se réfugie sous les escaliers et sort la chaîne en or de la poche de son blouson. - Regarde un peu ce beau jouet, murmure-t-il. Gamra se saisit du bijou et le soupèse dans sa main. - C'est de l'or pur. D'où ramènes-tu ça ? Farid jette un coup d'œil aux alentours pour s'assurer que personne ne les regardait. - Cela ne te regarde pas, je veux que tu l'écoules le plus tôt possible. (À suivre) Y. H.