C'est une histoire de fou : un jeune, âgé de 26 ans, chauffeur clandestin, a kidnappé, dans le Grand-Alger, quelque 70 jeunes filles, avant de les violer et de les menacer avec une arme factice. Se faisant passer pour un policier, ce taxi clandestin a dragué et a mis en confiance ses proies sur le réseau social Facebook. Le ravisseur, visiblement obsédé, conduisait ses "clientes" à bord d'une voiture de marque Golf et les menaçait avec son arme, avant de se diriger vers Oued S'mar, Dar El-Beïda et les cimetières isolés d'Alger. Ce clandestin a commencé sa sinistre campagne vers la fin de l'année 2016 et sélectionnait sa "clientèle", notamment sur l'axe Cheraga-Ouled Fayet et Sidi Yahia. Les filles otages, après avoir subi des sévices sexuels et autres violences physiques, sont filmées, et le "clandestin" les menaçait alors de partager ses vidéos sur des sites pornographiques étrangers si jamais elles osaient le dénoncer. Il ciblait notamment des étudiantes. Il aura fallu du courage, beaucoup de courage, pour que des filles humiliées, kidnappées, menacées, tabassées, délestées de leurs biens (bijoux, téléphones, etc.) et violées brisent le mur du silence pour déposer des plaintes au niveau des commissariats de police de Chéraga, d'Ouled Fayet, d'Oued S'mar et de Dar El-Beïda pour que l'affaire éclate au grand jour. Confiée à des brigades spécialisées, l'enquête ne tardera pas à porter ses fruits : le clandestin, faux flic, ravisseur et violeur est arrêté. Auditionné puis présenté devant la justice, le mis en cause a été placé sous mandat de dépôt. Mais ce n'est pas fini ! L'instruction ne fait que commencer. La police scientifique devra rendre ses conclusions incessamment sur le contenu de son téléphone portable et sa carte mémoire, des 20 autres téléphones subtilisés aux victimes, des analyses médico-légales des victimes et des biens volés. Pas seulement, puisque des dizaines de victimes ne se sont pas encore présentées à la police pour faire leur déposition. D'où la décision de la justice d'effectuer un complément d'enquête. Pour le moment, au moins 70 vidéos ont été retrouvées dans la carte mémoire de cet individu. Du coup, le complément d'enquête devra révéler si des vidéos ont été ou non envoyées sur Facebook et des sites pornographiques étrangers. L'enquête que supervisent la Sûreté de la wilaya d'Alger et ses 13 sûretés de daïra se poursuit pour établir les motivations qui ont poussé ce clandestin à commettre un forfait aussi abject, d'une part, et tenter d'établir l'identité des autres victimes, d'autre part. Une chose est sûre : chaque élément de l'enquête constitue une circonstance aggravante, si bien que l'avocat du mis en cause s'est retiré au moment de la présentation de son client, vu la gravité des faits. De l'abus de confiance, du kidnapping, de l'usurpation de fonction, du cybercrime, de l'usage d'arme factice, de la séquestration, du viol, des menaces de mort, des prises de vue accompagnées de menaces de diffusion des vidéos sur des sites pornographiques, du vol, des coups et blessures volontaires et autres méfaits, la justice aura à statuer, après instruction, sur cette affaire pas comme les autres.