Résumé : Tahar remettra enfin de l'ordre dans sa famille, et dans sa vie conjugale... Son épouse, voyant qu'elle ne pouvait plus compter sur les siens, revient à de meilleurs sentiments... On était en plein mois de Ramadhan... Quelque chose se produit, alors que l'artiste se reposait. Un luxueux et verdoyant jardin semblait sortir de nulle part, pour se nicher au creux de la fenêtre de mon salon... Les herbes, les fleurs, les arbres, les feuillages, étaient gigantesques, fort beaux et embaumaient agréablement... Je me frotte encore les yeux... En vain... La vision ne voulait pas disparaître... Je voulus crier, mais aucun son ne sortit de ma bouche... J'entendis le bruit de l'eau qui coulait sur les roches... Un bruit lointain, mais assez distinct... Des chants d'oiseaux se mêlaient à cette symphonie paradisiaque... Je me disais alors que l'Eden ne pouvait être plus beau... Soudain, une silhouette prend forme... Une apparence humaine... Je me demandais si ce n'était pas un ange qui se manifestait à travers tout ce décor d'une autre dimension... Mon sang se figea dans mes veines, lorsque je reconnus mon frère Saïd... Mon cœur se met à battre très fort dans ma poitrine, une sueur inonde tout mon corps. J'étais sur le point de m'évanouir lorsque Saïd s'adressera à moi, d'une voix douce, et très nette : -Tahar... C'est moi... Ton frère Saïd... N'aie pas peur, je ne viens que pour vous saluer, toi et le reste de la famille... Je mets ma main sur ma poitrine comme pour contrôler les battement désordonnés de mon cœur. Le souffle me manque. Saïd portait un treillis et un béret. Il était toujours aussi beau, plus qu'avant sa mort brutale... S'arrêtant à la lisière de la fenêtre du salon, là aussi où était l'orée du jardin fantastique, il se met à rire : -Je ne pensais pas qu'un artiste aussi doué que toi allait avoir la frayeur de sa vie en reconnaissant son frère décédé... Je reprends enfin mon souffle, et me redresse pour lancer : -Je ne crois pas aux revenants... Saïd... Tu es mort et enterré voilà des années... Que me veux-tu ? Si... Si c'est vraiment toi qui reviens... Il rit encore : -Bien sûr... Tu doutes ? Ah ! Tahar... J'avais la nostalgie de revoir la ferme, le village, les oncles et... Et notre pauvre mère... -Heu... La ferme... Il n'en reste presque rien...Le village se trouve loin d'ici, et les oncles aussi. Quant à ma mère, elle est dans la cuisine, et prépare le f'tour pour la rupture du jeûne... Nous sommes en plein mois de Ramadhan. -Je le sais... -Heu... Je n'arrive pas à croire que je parle à quelqu'un de l'au-delà -Tu veux dire que là où je suis, on n'est pas capable de voir ce qui se passe dans votre monde ? -Heu... Je ne sais quoi te dire... Je pense que les morts ne reviennent jamais... -C'est aussi certain que l'est la vie sur terre... -Alors, comment veux-tu que je croie à ton retour... -Mais je ne suis pas revenu Tahar... -Comment ? Je ne comprends plus rien... -Non... Je ne suis pas revenu... Tu vois mon cher frère, je ne peux pas dépasser la lisière de cette fenêtre... Là où je me trouve depuis des décennies, est un monde qui n'appartient qu'à ceux qui ont trépassé... (À suivre) Y. H.