On ne peut qu'applaudir à l'idée d'évacuer les mutins de la Taïfa (marine algérienne) matés et mis au rude régime de fer, du pain sec et à l'eau. L'idée est plus judicieuse que d'éclairer les geôles de ces mutins de "Chebek" (navire) à l'aide de dessins d'écoliers ! Et depuis le 9 juillet dernier, les sombres cachots du "Qas'r eriyas" resplendissent d'aquarelles et d'innocentes gouaches croquées par de talentueux bouts de chou qui galèrent avec le chevalet et le pinceau pour se faire "demain" une place au soleil sur la terrasse du Bastion 23. Attrayants de par le talent et surtout attractifs en termes de liberté de ton et de thèmes, ces graines d'espoir modèlent et éclairent de leur innocence ce flambeau de leurs aînés, qu'ils désirent ardemment conquérir du haut de leurs trois pommes. D'ailleurs, c'est là tout le mérite de ces petits génies d'avoir ensoleillé ces cachots pour faire fuir l'obscurantisme et son sein, où se tète l'ignorance. Pendant tout ce temps, nous tâtonnions de nos mains comme dans le jeu de "dada âamia matchoufch" ou le "colin-maillard" de notre enfance afin de mieux discerner les signatures d'auteurs de toiles de l'Association des Beaux-arts d'Alger. Et pour cause, si l'éclairage de l'esprit y était, en revanche, l'électricité n'y était pas lors de notre passage ! Ceci dit, il y a aussi "l'expo" des grands, où le thème Casbah semble aller comme un pompon au bonnet du marin ! Première halte au pied de la toile illustrant les ustensiles d'hygiène et de beauté ou Douzene l'hammam ! Notamment L'mahbes en cuivre blanc et la Tassa ou "touissa" du bain de l'artiste-peintre Bouchra Ikhenazene qui nous a guidés autour du savoir-faire de "b'net El-Casbah" dans la constitution du "sendouq lâaroussa" (malle de la mariée) ainsi que d'autres utilités conçues par l'artiste-décorateur Bennikous Mounir. La Casbah ? C'est aussi l'abondance du "qazan" (chaudron), où marine l'élan de générosité et le partage pour mieux cohabiter dans l'autre thème de l'exposition du Centre des arts et de la culture du palais des Rais intitulé Vivre ensemble. Cette même coexistence dans l'air du temps, et que nous avions vécue dans la "douera" de nos parents, comme semble le refléter la toile Tebssi âachaouat et qazan de notre interlocutrice Bouchra. C'est dire que bled Sidi Abderrahmane s'était adjugé le plus gros des ailes de la galerie, où il est loisible au visiteur d'admirer les œuvres Z'mane et El-hayek de l'artiste Bach-Sais Farida, lauréate de la septième édition 2014 du Festival international de la miniature et de l'enluminure qui s'était tenue à Tlemcen. Louhal Noureddine