Résumé : Nacéra se sentait si stressée qu'elle se leva pour prendre un bain, avant de se rendre dans la cuisine pour confectionner un gâteau. Djamel se réveille et la rejoint. Il apprécie son petit-déjeuner, mais remarque aussi l'air préoccupé de sa femme. Il passe la main dans ses cheveux puis sur son visage. -Une insomnie est toujours provoquée par quelque chose. Tu n'avais pas l'air dans ton assiette hier soir non plus, Nacéra. Que me caches-tu donc ? -Rien, je t'assure. -Alors pourquoi cet air triste de bon matin ? -Je ne suis pas triste. Tu vois bien que j'ai pensé à te préparer un petit-déjeuner un peu spécial ce matin. Il prend une serviette et s'essuie la bouche avant de répondre : -C'est très gentil à toi. Mais je n'aime pas cette ride sur ton front. Je veux te voir plus gaie, Nacéra. Si tu es angoissée, donnes-en-moi au moins les raisons. Il toussote. -Ne me dis pas que c'est à cause de cette femme encore ? Elle se sent honteuse tout à coup, et baisse les yeux avant de murmurer : -Non. Non. C'est du passé tout ça. Je suis un peu déroutée, c'est tout. J'ai du mal à reprendre le boulot après notre voyage de noces. Il lui prend le bras et l'attire vers lui. -Je te promets d'autres surprises bien plus agréables. -Merci. Tu veux encore un peu de café ? -Volontiers. Et même un autre morceau de ce cake si délicieux. Deux mois passent. Nacéra réorganise son temps afin de pouvoir s'occuper de son foyer et répondre aux exigences de ses clientes. Elle avait fait l'effort de prendre les commandes les plus urgentes chez elle, et de laisser ses ouvrières s'occuper du reste. Suivant les conseils de sa coiffeuse et de son esthéticienne, elle avait changé sa coiffure et la couleur de ses cheveux, se maquillait quotidiennement et portait des tenues qui la mettaient en valeur. Djamel avait apprécié ce changement. Il trouvait qu'elle avait rajeuni et dégageait plus de charme que jamais. Parfois, elle rendait visite à sa mère à qui elle racontait tous ses petits déboires quotidiens. Elle aimait Djamel et avait la hantise de le perdre. Elle se découvrait jalouse de toutes les femmes qui approchaient son mari, ce qui la rendait possessive et agressive. Si bien que quelquefois des scènes éclataient entre eux et souvent sans raison. Ces scènes la lessivaient et la laissaient sans force. Comprenant mieux que quiconque ses préoccupations, sa mère la rassurait de son mieux. Des hauts et des bas existaient dans tous les couples, quelle que soit la durée de leur mariage. Elle au moins était tombée sur un mari aimant et attentif à tous ses désirs. Par contre, Maissa l'inquiétait au plus haut point. Nacéra comprenait les préoccupations de sa mère. Elle-même se faisait du souci pour sa jeune sœur. Lyès était perfide et arrogant, il ne ratait aucune occasion pour la rabaisser devant son entourage. Maissa était maintenant presque au terme de sa grossesse. Les jours à venir renseigneront la famille sur les intentions précises de son mari. Nacéra avait beau essayer de comprendre les manigances de ce dernier, elle s'était rendue à l'évidence que sans une intervention de sa part, Maissa risquait de sombrer dans une profonde dépression. Va-t-elle opter pour le divorce, au détriment de l'enfant qu'elle allait mettre au monde bientôt ? Et dans ce cas précis, comment fera-t-elle pour l'élever seule ? Pauvre Maissa, se dit Nacéra. Elle a non seulement raté sa vie, mais risque de voir surgir d'autres surprises dans cette union qui battait de l'aile depuis ses débuts. Elle repense à Djamel. Et elle ? A-t-elle réussi son mariage ? Pourtant, son mari semblait toujours prévenant et prêt à la gâter et à la voir heureuse. Hélas ! Elle avait encore cette boule sur son estomac et ce mauvais pressentiment qui ne voulait plus la quitter. On était en fin de semaine et elle savait que, comme chaque week-end, Djamel allait lui proposer une sortie en plein air. Elle aimait bien ces déplacements loin de la ville et de ses bruits. À chaque fois que cela lui était possible, Djamel lui faisait découvrir des endroits féeriques où la verdure côtoyait le chant des oiseaux et l'écoulement merveilleux de l'eau sur les rochers. Il fut un temps où elle avait cru qu'il l'abandonnait à sa solitude, car à plusieurs reprises, et prétextant du travail au bureau, il ne rentrait pas de la nuit. Parfois ce sont des missions, des conférences, des déplacements professionnels qui le retenaient loin d'elle. Elle redoutait ces absences durant lesquelles elle se morfondait dans un abîme de détresse. Pour fuir le vide de son appartement, elle passait ses journées auprès de sa mère, ou rendait visite à Maissa. Souvent elle travaillait aussi dans son atelier jusqu'à des heures impossibles. Il lui était même arrivé d'y passer la nuit, ce qu'elle n'avait jamais fait lorsqu'elle était célibataire. Elle avait reçu beaucoup de propositions pour ses modèles, et les clientes se bousculaient au portillon pour la confection de leurs tenues. Que ce soit pour le prêt-à-porter ou autre, la couturière ne chômait pas. Bien au contraire, elle avait parfois du mal à répondre à toutes les commandes. (À suivre) Y. H.