Pendant plus d'un mois, les espaces de l'ACB (Association de culture berbère) de Paris ont abrité une exposition de peinture de l'artiste algérien Lyazid Chikdène. On est tenté de dire que les tableaux, représentant essentiellement des personnages et des paysages de Kabylie, se retrouvent à cette occasion dans un environnement familier lorsqu'on sait que le quartier de Ménilmontant, où se trouve l'ACB, renferme une forte concentration d'immigration maghrébine. Les toiles de Chikdène plongent le visiteur dans l'évocation, pour ne pas dire dans la nostalgie, des souvenirs de jeunesse en Kabylie. L'immigré de longue date ou l'étudiant récemment arrivé en France y sentiront battre le cœur de leur village natal, y verront des images qui ont bercé leur enfance et qui continuent d'habiter leurs rêves. Ma grand-mère, Le retour des champs, Hymne à la nature, Scènes de Kabylie... sont autant de tableaux qui vous mettent le pays à portée du regard et son âme palpitante au fond du cœur. Disponible et affable, Lyazid Chikdène a bien voulu répondre aux questions de Liberté. Liberté : Vous avez un diplôme d'ingénieur en aménagement du territoire et de l'environnement. Comment êtes-vous venu à la peinture ? Lyazid Chikdène : Après avoir obtenu le bac au lycée Chihani-Bachir de Azazga (Tizi Ouzou), j'ai entamé mes études à l'USTHB à Alger jusqu'au diplôme d'ingénieur en aménagement du territoire et de l'environnement, puis je suis parti en France pour poursuivre mon cursus universitaire jusqu'au Master 2 en environnement obtenu à Paris 8. Par amour pour cet art que j'ai commencé à pratiquer très jeune : enfant, j'étais fasciné par l'image et m'intéressais à la bande dessinée. En 1992 a été créée l'association culturelle de Lemsella, avec une section de peinture où j'allais m'initier à cet art. Autodidacte, j'ai donné libre cours à ma passion tout en cherchant à en apprendre les bases en suivant des cours de peinture dans des ateliers pendant deux années. Depuis, je n'ai cessé de peindre tout en travaillant pour gagner ma vie. À quelle école de peinture appartenez-vous ? Mon genre relève de l'impressionnisme et je me réfère parfois à Claude Monet, l'un des fondateurs de cette école. Cette exposition comporte d'ailleurs une toile de ce grand artiste (Champ de coquelicots) que j'ai adaptée en Une Kabyle au champ de coquelicots. Ma particularité est également de traduire des photographies en peintures, ce qui les rend plus vivantes et leur confère une certaine intemporalité. Que voulez-vous exprimer à travers la peinture ? L'art est un moyen d'expression des émotions, des peines et des espérances humaines.C'est la représentation du ressenti profond de chacun face à la nature et aux événements de la vie. Tout en essayant de tendre vers l'universalité (l'art n'a pas de frontières), je projette dans mes toiles mon attachement profond à ma Kabylie natale, source de mon inspiration. Un artiste doit se faire connaître pour avancer. Oui, cela passe d'abord par des expositions. J'en ai présenté à l'USTHB d'Alger et à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Ici en Europe, j'ai exposé à Bruxelles et à Paris. Des expositions sont prévues en novembre à Paris et au printemps 2018 à Alger. Je travaille aussi sur le projet de publication d'un album de peinture, avec des textes. En attendant, je continue de peindre. Entretien réalisé de Paris par : Ali bedrici