Artiste de talent, Lyazid Chikdène explique, dans cet entretien, son penchant pour la peinture et le choix de ses œuvres. Liberté : Vous venez tout juste de clôturer un vernissage d'une semaine à Tizi Ouzou. Quelle a été la réaction du public ? Lyazid Chikdène : La variété des techniques et des sujets a permis de toucher le public dans sa diversité, cela je l'ai constaté à travers les différents échanges que j'ai pu avoir avec les visiteurs pendant toute la durée de l'exposition, nombreux sont ceux qui n'ont pas été indifférents aux toiles exposées, notamment celles qui traitent la thématique de la Kabylie, c'est compréhensible, le côté nostalgique a dû jouer son rôle. Je suis agréablement surpris par la réaction du public, il a manifesté un intérêt remarquable, nombreux étaient ceux qui sont venus en famille, et certains d'entre eux sont désormais les nouveaux propriétaires de mes toiles. Je remercie à l'occasion ce public, la direction de la culture de Tizi Ouzou et de la maison de la culture Mouloud-Mammeri sans oublier le sénateur et l'artiste peintre Hocine Haroun qui m'a encouragé et honoré par sa présence et son témoignage à l'occasion du vernissage. Inspirations diverses est le titre de cette exposition, pourquoi ce titre alors que, sur place, le public avait eu droit à des tableaux, certes riches en couleurs, mais qui reflètent un attachement à la région de Kabylie ? La collection exposée comporte des œuvres variées tant sur le plan thématique que technique, on y trouve des aquarelles, des huiles sur toiles, des pastels et techniques mixtes, les sujets sont aussi variés, de la Kabylie jusqu'aux thèmes les plus universels comme le paysage, la musique et autres. Certes, si le sujet de la Kabylie est un peu dominant c'est parce que je peins beaucoup les paysages et les scènes de Kabylie, un sujet qui m'est cher et qui me permet de puiser dans mon passé et dans mon environnement immédiat en tant qu'enfant né et grandi en Kabylie. Nos montagnes et nos villages rustiques ont fait de nous des êtres sensibles à tout ce qui est beau et authentique ; peindre la Kabylie c'est lui rendre le minimum de ce qu'elle nous a donné. Vous faites de l'aquarelle, de l'huile sur toile, du pastel, c'est quoi au juste la différence ? La différence est dans la particularité qu'offre chaque technique, elles s'appliquent avec des médiums et sur des supports différents, cela donne des rendus nettement distincts aux yeux du spectateur, y compris les non initiés ; j'aime varier les techniques pour ne pas tomber dans la monotonie ; je choisis mon médium selon l'inspiration. L'aquarelle offre la possibilité de jouer sur l'effet de transparence et de spontanéité, la peinture à l'huile exprime le volume et l'éclat, le pastel permet d'accentuer le détail. La peinture est un art qu'on ne peut considérer comme populaire, comparaison faite avec la chanson, la poésie... , pourquoi selon vous ? La peinture est l'art le moins exposé d'une manière générale si on la compare aux autres arts ; elle souffre d'un manque de visibilité, y compris dans les sociétés les plus avancées dans ce domaine, car c'est un art qui n'est que visuel et qui s'exprime par un langage muet ; il faut bien aller le chercher dans son coin, et cela réduit naturellement son champs d'influence dans la conscience collective et par conséquent sa popularité ne peut être que minime ; ce constat s'aggrave davantage quand une société comme la nôtre d'ailleurs, est dépourvue d'une véritable éducation artistique et culturelle dans les programmes scolaires, quand les musées et les structures censés promouvoir les arts plastiques se font rares ou quasi inexistants ; les médias ont aussi leur part de responsabilité sur ce point, ils en parlent moins ou plutôt rarement. Ce qu'Issiakhem disait sur ce sujet il y a plus de 30 ans est toujours d'actualité, hélas ! La peinture est le parent pauvre de la culture dans notre pays, sa valorisation passe par sa vulgarisation, les initiatives qui permettent au grand public d'accéder et d'apprécier cet art doivent être multipliées. M. M.