Lyazid Chikden est natif de Lemsala, un village de la commune d'Illoula. A 42 ans, il tente de se frayer un chemin dans l'univers pictural. « J'ai toujours aimé dessiner tout ce que je voyais », confie-t-il. Ses yeux se sont ouverts sur les montagnes verdoyantes où se nichent les villages de Kabylie dont il aimait reproduire la nature, les champs et les ruelles. Le quotidien de sa mère et de toutes les femmes qui empruntaient des sentiers abrupts pour aller chercher de l'eau à la fontaine ou laver le linge dans les cours d'eau était une autre source d'inspiration. A travers ses dessins, il voulait remodeler et travailler ce décor familier pour l'ordonner et lui donner vie. Après l'obtention du bac, il opte pour des études en aménagement du territoire à l'UTSHB de Bab Ezzouar. En 2003, il part s'inscrire pour un master en environnement à Paris. Sa passion pour le dessin lui a permis durant ses études d'avoir la main légère pour les esquisses. Outre les plans, il s'adonnait à la peinture qu'il fera découvrir à ses amis. Il a exposé de nombreuses fois à Bab Ezzouar. Le talent et la passion ne suffisant pas, il a mis à profit sa présence en France pour s'inscrire dans une école de peinture et d'arts plastiques. Outre le fait d'affiner sa passion, il s'est frayé un chemin dans le cercle très fermé des artistes à Paris. « J'ai pris part à de nombreuses expositions collectives avec les étudiants de l'école pendant deux ans. Cela m'a permis de connaître quelque peu les rouages de cet univers ». « C'était à Bruxelles, en 2005, lors des festivités du Nouvel An amazigh que j'ai exposé. Avant d'être sollicité dans la région parisienne. J'ai aussi participé au Festival international des arts plastiques en Normandie. Comme j'ai eu à exposer, au centre franco-chinois et avec d'autres associations comme l'association franco-berbère ». Pour lui, « la peinture est une passion et non un métier. « Il m'arrive de rester plusieurs jours sans toucher un pinceau comme il m'arrive de réaliser deux à trois aquarelles par jour », dira l'artiste. Un faible pour les impressionnistes Lyazid est un passionné du figuratif mais il avoue être influencé par l'impressionnisme et l'abstrait. « J'ai toujours été attiré par la peinture classique académique mais avec une nouvelle approche qui a pris le dessus sur le carcan académique. Un juste milieu entre le style académique et l'abstrait que je trouve extravagant », a-t-il expliqué. Lyazid admire des impressionnistes comme Monet, Renoir, Sésame et tous les grands noms de ce courant. Il a adapté un célèbre tableau de Monet « Les coquelicots ». C'est une peinture sur toile reproduite en aquarelle avec une touche kabyle. « Le coquelicot est une fleur qui pousse en Kabylie et à la place de la femme au parapluie, on trouve une femme kabyle portant une cruche et rêvant d'une fontaine en tenue traditionnelle », révèle Lyazid. Pour son exposition « Inspirations diverses », il a ramené dans ses bagages une quarantaine d'œuvres, alors qu'il en a réalisé plus de 150. Lyazid est le frère de Zayen, le chanteur, qui reproduit par le verbe et la musique ce que exprime dans ses aquarelles. « Je n'ai pas d'explication rationnelle. Disons que dans notre maison vivent certainement des muses. Avec mon frère, on a toujours été complices. On discute beaucoup sur tout ce qui a trait aux arts. C'est lui qui a tout fait pour que je vienne exposer à Tizi Ouzou. J'ai été encouragé également par Hocine Haroun que j'ai rencontré à Paris et qui avait insisté pour que je vienne à Tizi ». Pour conclure, il dira qu'il ne ratera plus une occasion. Il reviendra exposer chaque fois qu'il est sollicité.