L'organisation révèle qu'en dépit de leur statut désavantageux, plus de la moitié des diplômés algériens se maintiennent en Hexagone. L'accord de 1968 entre l'Algérie et la France qui régit les conditions de séjour des étudiants algériens dans l'Hexagone a été critiqué, hier, dans un rapport rendu public par l'Organisation de la coopération et du développement économique (OCDE) sur le recrutement des travailleurs immigrés. Cette étude, qui rend compte des difficultés qu'ont les étrangers à faire carrière en Hexagone, s'est penchée sur le cas des Algériens, notamment des étudiants. Selon l'OCDE, nos compatriotes "ne bénéficient pas de nouvelles dispositions facilitant leur séjour et leur maintien sur le territoire", à l'issue de leur cursus universitaire. Il faut peut-être rappeler, à ce sujet, que l'accord de 1968 comporte de nombreuses entraves qui compliquent le changement de statut des diplômés et les empêchent d'obtenir un permis de travail en France. C'est, d'ailleurs, par d'autres moyens que la plupart parviennent à rester sur le territoire français. Le rapport révèle à ce propos que les trois quarts des diplômés algériens des universités françaises ont changé de statut "pour des raisons familiales". Sur le plan professionnel, très peu réussissent à briser le plafond de verre. L'OCDE remarque que "l'accès à des titres très qualifiés reste toujours minoritaire". Malgré ces désavantages, l'organisation note que "le taux de maintien au séjour des anciens étudiants algériens après sept ans figure parmi les plus élevés (53% pour la cohorte 2002, 44% pour la cohorte 2008) et devrait progresser d'après les données sur quatre ans pour la cohorte 2011". Elle affirme, en outre, que les Algériens, comme les autres ressortissants de pays autrefois colonisés par la France (Sénégal, Madagascar, Gabon, Maroc, Tunisie), sont surreprésentés dans les universités françaises. Mais leurs études finies, ils ont tous du mal à trouver un emploi adapté à leur niveau d'enseignement. "Les ressortissants de pays tiers diplômés en France sont sous-représentés dans les professions en difficulté de recrutement et leur insertion sur le marché du travail à moyen terme n'est pas toujours aussi favorable qu'escompté", explique le rapport. Dans le cas des Algériens, l'OCDE pense qu'il est nécessaire aujourd'hui de revoir l'accord de 1968 afin de permettre à nos compatriotes d'"accéder plus facilement à des changements de statut et de mieux lier leurs profils avec les besoins du marché du travail". Plus généralement, l'organisation demande à la France de revoir sa législation sur l'accueil des étudiants et des travailleurs étrangers, en mettant fin à l'opacité administrative qui entoure l'octroi des permis de travail. Elle lui demande également de revoir son système de recrutement, qualifié d'archaïque, et de réadapter la nomenclature des métiers pour attirer davantage de talents. Il est à noter que concernant les Algériens, plusieurs associations d'étudiants algériens en France demandent depuis des années l'abrogation de l'accord de 1968. Elles réclament à la place l'application du régime général prévu dans le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda). Celui-ci permet, notamment aux diplômés étrangers, d'obtenir une carte de séjour "compétence et talent". De Paris : Samia Lokmane-Khelil