Invitée par la troupe Tilleli, Stina donnera un concert ce samedi à Montréal. D'origine finlandaise, elle a interprété de nombreux titres en kabyle, notamment ceux d'Aït Menguellet et de Slimane Azem. Quand Stina Pesonen fréquentait le Conservatoire de musique classique à Helsinki, en Finlande, elle ne savait pas qu'un jour elle allait chanter en kabyle. C'est que Stina a "rencontré" littéralement la chanson kabyle dans un café. Au hasard d'une rencontre avec des étudiants kabyles dans un café de la capitale finlandaise, Stina découvre la chanson kabyle et ses mélodies avec des sonorités perçues comme exotiques dans ce pays scandinave. Son premier port d'attache fut donc la chanson Aya lxir-inu d'Idir. À force de persévérance, elle a pu reprendre avec brio plusieurs textes de chanteurs célèbres. Telt iyam de Lounis Aït Menguellet, Ad zzi saâ de Slimane Azem, A ttir isahen de Mokrane Agawa, Lbaz d'Ideflawen, Izriw yeghleb lehmali, la reprise de cheikh el-hadj M'hamed El-Anka par Lounès Matoub, des chefs-d'œuvre repris avec le timbre de sa voix qui invite au voyage. Stina a également rendu un hommage aux chanteuses kabyles Taos Amrouche, Hnifa, Cherifa et Nora dans une chanson qu'elle a composée elle-même. La Finlandaise a ainsi permis à la musique kabyle d'élargir son audience à l'échelle planétaire. Avec des arrangements classiques au piano, elle a atteint un public qui, peut-être, n'a jamais entendu parler de musique kabyle. Issue d'une famille d'artistes, Stina a baigné depuis son enfance dans les partitions de musique classique. De son arrière-grand-mère Ellen Malmberg, grande chanteuse d'opéra au XIXe siècle jusqu'à son paternel, membre de l'Orchestre national de la Finlande, en passant par son oncle, compositeur de musique classique durant les années 1940 et 1950, toute sa famille a baigné depuis des lustres dans la musique. Ses frères sont membres d'un groupe de musique metal. C'est donc ce milieu artistique fécond qui a facilité l'adoption de la musique kabyle par Stina. La phonétique de sa langue maternelle, le finnois, a dû l'aider également. On retrouve, en effet, des sons communs dans le finnois et tamazight. Ce qui n'est pas le cas avec les langues latines par exemple. "J'ai trouvé quelques difficultés, car il n'existe pas de partitions disponibles. J'ai compté sur la mémoire auditive", nous a déclaré Stina, rencontrée à l'occasion de son concert qu'elle donnera samedi à Montréal, à l'invitation de la troupe Tilleli. Sa tournée en Algérie lors de sa participation en 2015 au Festival culturel européen lui fait découvrir un public qui a déjà adopté l'artiste finlandaise. Stina qui a une fille de deux ans prénommée Dihya prépare son premier album entièrement en kabyle. "Je suis en pleine composition, il me reste quelques morceaux et certains textes à finaliser", confie-t-elle, avant d'avouer avoir hâte que le projet aboutisse. De Montréal : Yahia Arkat