Durant l'été en cours, l'eau n'arrive dans les robinets qu'un jour sur quatre, voire cinq, dans de nombreuses communes de cette wilaya. Les actions de protestation des populations contre le manque d'eau durant cette saison estivale ne sont pas aussi nombreuses que les années précédentes dans la wilaya de Tizi Ouzou où des améliorations en matière d'alimentation en eau potable ont été enregistrées, au prix d'importants efforts fournis par les autorités concernés. Des améliorations qui demeurent, toutefois, insuffisantes pour crier victoire car, aux quatre coins de cette région, l'on vit au rythme du rationnement de cette ressource. Dans les communes de Mkira, de Mizrana, d'Aït Khelili, de Souamâa, d'Aït Yahia, les habitants ont été amenés jusqu'à fermer les sièges d'institutions publiques pour "faire entendre leur soif". De guerre lasse, d'autres habitants se sont résignés à prendre leur mal en patience et, le cas échéant, à se rabattre sur les citernes d'eau pour lesquelles ils sont contraints de débourser 1 500 DA en moyenne à chaque fois. De l'aveu même de la direction des ressources en eau, seulement 20% de la population, soit 230 000 habitants, sont alimentés h24. Il s'agit de la population de la ville chef-lieu de wilaya. Selon la même direction, 360 000 habitants, représentant 30% de la population, sont alimentés quotidiennement durant plusieurs heures de la journée, alors que les 50% restants, soit près de 600 000 habitants, sont alimentés un jour sur deux, pour une partie, et un jour sur trois pour l'autre. Même si le taux de remplissage du barrage de Taksebt, qui alimente 33 communes sur les 67 que compte la wilaya, a atteint 75% après l'hiver de cette année, le rationnement est davantage espacé pour atteindre, durant l'été en cours, un jour sur quatre ou cinq dans de nombreuses communes de cette wilaya où les quantités d'eau produites dépassent pourtant largement les besoins de la population. Selon la direction des ressources en eau, "la production globale est de 283 651m3/j et les besoins sont estimés à 190 969 m3/j". "Théoriquement, les ressources en eau dans la wilaya sont suffisamment abondantes pour répondre aux besoins de la population, mais dans la réalité, la situation est tout autre", affirme, pour sa part, l'APW dans le dernier rapport de sa commission agriculture et hydraulique estimant que "la bataille de l'eau n'est toujours pas gagnée et que nos villages ont toujours soif". "Environ 20 communes ne sont raccordées à aucun transfert, et même les communes raccordées ne reçoivent pas leurs parts équitablement puisque sur une dotation quotidienne de 165 litres/j par habitant, on constate une forte disparité entre les communes allant de 300 à 20 litres par habitant", détaille ce rapport signé par Mme S. Madi qui dénonce également "une fréquence de distribution inéquitable". Il est, selon les rédacteurs du rapport, "injustifié que certaines régions soient alimentées h24 alors que d'autres attendent ce liquide précieux qui ne vient qu'une fois par semaine". Pour la direction de l'Algérienne des eaux, ADE, le problème majeur demeure celui des déperditions d'eau qui ne sont toujours pas maîtrisées. Il y a déjà le relief montagneux de la région qui n'est pas pour faciliter l'alimentation en eau de certaines localités puis, surtout, la vétusté des réseaux et les piquages illicites qui sont, selon cet opérateur public, à l'origine de la perte de plus de 40% de l'eau distribuée quotidiennement. Outre le programme de développement de 25 milliards de dinars que gère la direction des ressources en eau, le ministre des Ressources en eau, en visite dans la wilaya de Tizi Ouzou en avril dernier, avait annoncé un programme d'urgence doté d'une enveloppe de 2 milliards de dinars. Les projets annoncés dans le cadre de ce programme destiné à résorber les points noirs à travers 38 wilayas, devraient déboucher sur une nette amélioration en matière de mobilisation de la ressource, l'augmentation des capacités de stockage, la réhabilitation de réseaux d'adduction vétustes et d'équipements électromécaniques, la réalisation de nouveaux réseaux de distribution et de nouvelles chaînes d'AEP. Sauf que l'impact de ce programme ne sera ressenti par la population qu'à la fin de l'année 2018, soit après sa mise en service, soutient la direction des ressources en eau. Un délai auquel la population ne croit pas vraiment comme l'illustre le cas de Bouzeguène où la population a tout récemment dénoncé la lenteur des travaux du projet de son alimentation depuis le barrage de Tichy-Haf, dans la wilaya de Béjaïa. Samir LESLOUS
