L'obstination des démocrates, qui lui refusent le financement du mur frontalier avec le Mexique, ne lui laisse que la solution de l'état d'urgence pour pouvoir sortir de cette crise budgétaire. La cheffe de file des démocrates à la chambre des représentants au Congrès, Nancy Pelosi, a rejeté, sans surprise, la proposition du président Donald Trump de prolonger des statuts temporaires pour environ un million de migrants qui risquent d'être expulsés des Etats-Unis, en échange du financement par le Congrès de son mur frontalier. Cette offre, faite samedi dans un discours télévisé solennel, et présentée par le locataire de la Maison-Blanche comme un compromis pour "sortir de l'impasse du blocage budgétaire des services fédéraux qui dure depuis près d'un mois", n'est pour Mme Pelosi, "qu'une compilation de plusieurs initiatives déjà rejetées par le passé et chacune inacceptable". Ainsi, cette réaction des démocrates indique que le shutdown a toutes les chances de se poursuivre, et pousse Donald Trump dans ses derniers retranchements. Essayant d'être convaincant, il a cette fois insisté sur l'angle sécuritaire d'une crise également humanitaire, accusant les caravanes de migrants d'Amérique centrale qui tentent d'entrer aux Etats-Unis d'y amener également de nombreux criminels et de vastes quantités de stupéfiants. Mais, le "niet" des démocrates est toujours là, l'acculant davantage. Dos au mur, il n'a plus d'autre choix que de décréter l'état d'urgence, comme le lui ont recommandé ses conseillers, afin de mettre fin à la crise. Il y a lieu de rappeler que s'il opte pour cette solution, à laquelle ont recouru par le passé nombre de ses prédécesseurs, dont notamment Bill Clinton, George W. Bush et Barak Obama, la loi l'autorise à puiser dans certains chapitres, tels ceux réservés aux catastrophes naturelles, pour construire le mur frontalier avec le Mexique, qui constitue une promesse phare de sa campagne électorale. Il faut dire que la situation commence à devenir intenable avec ce shutdown, qui dure depuis le 22 décembre, qui provoque une paralysie des administrations fédérales faute d'adoption de leur budget par le Congrès. Quelque 800 000 fonctionnaires fédéraux sont affectés, placés en congé sans solde ou contraints de travailler mais sans être payés. Même s'ils devraient tous recevoir leurs salaires à la fin du shutdown, certains d'entre eux commencent à rencontrer de graves difficultés pour payer leurs factures, leurs remboursements de prêts ou tout simplement faire leurs courses alimentaires. Il ne fait aucun doute que cela ira en s'aggravant si le shutdown continue. Pendant ce temps, environ 2 000 migrants centroaméricains, en grande majorité des Honduriens, ont illégalement franchi vendredi la frontière entre le Guatemala et le Mexique. Merzak Tigrine