Des sénateurs américains, sous la houlette du républicain Rand Paul et du démocrate Jeff Merkley, ont déposé mardi un projet de résolution visant à interdire tout accord entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite portant sur le transfert de technologies en matière d'armement nucléaire, ont rapporté hier plusieurs médias. Ainsi, aucun accord portant sur la coopération nucléaire civile englobant l'enrichissement de l'uranium ou le traitement du plutonium produit par les réacteurs nucléaires ne pourra être conclu avec Riyad. Le sénateur démocrate dira que "si l'Arabie Saoudite doit mettre la main sur la technologie nucléaire, il est impératif qu'on l'oblige avec de sévères normes empêchant la prolifération nucléaire", ajoutant qu'il "ne faut pas que les Etats-Unis aident de manière non intentionnelle au développement d'armes nucléaires à une partie qui les utiliserait de mauvaise manière dans le monde". Cette initiative intervient alors que le ministre américain de l'Energie mène actuellement des discussions avec des responsables saoudiens sur la coopération nucléaire entre les deux pays. Il faut dire que les sénateurs américains n'en sont pas à leur première action hostile à l'Arabie Saoudite. Il y a à peine quelques jours, ils ont interpellé le président Donald Trump pour qu'il réponde à leurs questions sur la responsabilité du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane dans l'assassinat du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018 à l'intérieur du consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul en Turquie. Cette interpellation faite suite à l'amendement voté par le sénat US obligeant Donald Trump à apporter une réponse dans un délai de 120 jours, qui a expiré vendredi dernier. L'influent sénateur proche de Donald Trump, Lindsey Graham, avait même averti en janvier dernier que les relations entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite ne pourront pas s'améliorer après l'affaire Khashoggi tant que personne ne se sera "occupé" du prince héritier saoudien. L'élu US avait notamment souligné : "Nous allons dire de manière irrévocable que MBS était au courant et qu'il est responsable" du meurtre de Khashoggi "pour s'assurer que d'autres comprennent qu'on ne peut pas faire ce genre de choses quand on est un allié des Etats-Unis". Il y a lieu de rappeler également que le Sénat américain, pourtant contrôlé par les républicains, a approuvé une résolution en décembre 2018, qui interdit tout soutien militaire à Riyad dans la guerre au Yémen, et une seconde qui "estime que le prince héritier Mohammed Ben Salmane est responsable du meurtre" du Saoudien Jamal Khashoggi. Un double camouflet a été infligé à l'administration Trump. Tout semble indiquer que l'Arabie Saoudite ne semble plus bénéficier de beaucoup de sympathie au sein du sénat américain, comme c'était le cas auparavant. Merzak Tigrine