Donald Trump a choisi jeudi la confrontation en annonçant qu'il allait déclarer l'"urgence nationale" aux Etats-Unis pour construire un mur à la frontière mexicaine, sa grande promesse de campagne. Le président républicain a dans le même temps accepté de signer un compromis budgétaire obtenu de haute lutte au Congrès, après d'intenses tractations entre républicains et démocrates. Depuis des semaines, les négociations tournent autour de ce mur qu'il veut construire pour lutter contre l'immigration clandestine et dont l'opposition ne veut pas entendre parler. Avec, en fond, la menace d'un nouveau "shutdown" si aucun accord n'était trouvé avant vendredi, minuit, pour éviter l'impasse budgétaire. La loi de financement née de ce compromis a été approuvée jeudi à une large majorité au Sénat, contrôlé par les républicains, puis à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates. Elle n'attend plus que la promulgation du président. Mais elle ne comprend qu'un quart du budget réclamé par Donald Trump pour construire le mur (1,4 milliard de dollars contre 5,7 milliards demandés) et ne mentionne pas le mot "mur", préférant "barrière" ou "clôture". Tout en signant le texte, Donald Trump déclarera donc l'"urgence nationale" afin de "mettre fin à la crise de sécurité nationale et humanitaire à la frontière", a annoncé Sarah Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche. Mais cette procédure exceptionnelle, autorisant le président des Etats-Unis à contourner le Congrès pour mobiliser des fonds, hérisse de nombreux parlementaires, y compris dans les rangs républicains. "Déclarer l'urgence nationale dans ce cas serait une erreur", a ainsi réagi la sénatrice républicaine Susan Collins. "Un grave abus de pouvoir", "une tentative désespérée de détourner l'attention du fait que le président n'a pas tenu sa promesse fondamentale que le Mexique payerait pour son mur" : chez les démocrates, l'indignation règne. "Il n'y a pas d'urgence à la frontière" avec le Mexique, a asséné Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants. "Nous allons passer nos options en revue et nous serons préparés à y répondre de façon appropriée." Si un blocage de cette déclaration par le Congrès paraît difficile, compte tenu de l'équilibre des forces, des poursuites judiciaires pourraient être lancées. R. I./Agences