La planche à billets a produit 6 556 milliards de dinars à fin janvier 2019. Le montant a été communiqué, jeudi, par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, lors d'une plénière à l'Assemblée. Les tirages de monnaie effectués durant les trois derniers mois, soit de novembre à janvier, s'élevaient à 2 551 milliards de dinars, soit la moitié de l'ensemble des quantités de billets produits sur un an, soit octobre 2017-octobre 2018. Les situations mensuelles de la Banque d'Algérie, arrêtées à fin octobre 2018, levaient le voile, faut-il le rappeler, sur un montant de 4 005 milliards de dinars produits grâce à la planche à billets. Ahmed Ouyahia a précisé, jeudi, que le volume du financement non conventionnel avait atteint 2 185 milliards de dinars en 2017, puis 3 471 milliards de dinars en 2018 et près de 1 000 milliards de dinars en janvier 2019. Ces montants se répartissent comme suit : 2 287 milliards de dinars consacrés à l'assainissement des banques et des sociétés et 2 470 milliards de dinars au renforcement du Trésor public pour faire face au déficit budgétaire, outre 864 milliards de dinars destinés à la CNR (Caisse nationale des retraites). Par ailleurs, 938 milliards de dinars ont été affectés au FNI (Fonds national d'investissement), pour le financement de certains projets de développement, à l'instar de la réhabilitation des structures du complexe de phosphate et le programme de logements de l'AADL. Malgré une nette évolution des quantités de monnaie créées, Ahmed Ouyahia a tenté de rassurer que le financement non conventionnel n'induira aucune hausse de l'inflation. Pour étayer ses propos, il se réfère plutôt aux statistiques de l'ONS ayant situé l'inflation à 6,5% à fin 2016, à 5,5% à fin 2017 et à 4,3% à fin 2018. "Ces chiffres viennent réfuter les prévisions des experts ayant prédit une inflation à quatre chiffres, en raison du recours au financement non conventionnel", a estimé Ahmed Ouyahia. Il a, néanmoins, manqué de préciser que les tensions inflationnistes que l'on craignait au lendemain de la mise en marche de la planche à billets ne sont pas encore là, car les circuits bancaires et non bancaires étaient en sous-liquidités, ce qui a permis une digestion facile des quantités de monnaie créées jusqu'ici. Toutefois, le risque de surchauffe serait à craindre si la création monétaire venait à s'installer dans la durée, du fait, d'abord, des besoins croissants en financement et, ensuite, de la difficulté à rehausser le produit de la fiscalité ordinaire, alors que celui de la fiscalité pétrolière serait tributaire d'une amélioration des fondamentaux du marché pétrolier. Pour défendre son choix, celui de faire de la planche à billets un moyen de financement, le Premier ministre a souligné que "l'essentiel est que nous ayons préservé la souveraineté de l'Etat sur la prise de décision économique, grâce au financement non conventionnel. Nous aurions pu perdre notre souveraineté économique, si nous avions eu recours au FMI". Un refrain que l'on ne cesse de chanter sur tous les toits pour escamoter tous les échecs qui ont conduit à la planche à billets ; un indicateur qui traduit la non-gestion et la mauvaise gouvernance qui ont caractérisé l'action économique de ces vingt dernières années. Ali Titouche