"...dans l'état actuel des choses, on ne peut pas aller directement vers une élection présidentielle avec la même administration qui organise le trucage des élections, la même loi électorale conçue pour favoriser le pouvoir et les partis au pouvoir et avec une utilisation de l'argent sale..." Mme Zoubida Assoul, invitée aux "débats de l'UMMTO" qui se sont poursuivis, hier, à l'université de Tizi Ouzou, a abordé la brûlante question de la transition et esquissé ce qui pourra constituer, de son point de vue, une solution à la crise que traverse le pays. "Nous sommes déjà en dehors de la Constitution, il faut alors chercher à trouver une solution politique à la crise", a-t-elle déclaré avant d'ébaucher les contours de cette solution politique. "La solution politique peut passer par la mise en place d'une direction collégiale qui va nommer un gouvernement d'union nationale composé de compétences ou encore de prévoir des assises nationales qui vont débattre des mécanismes de la transition ainsi que d'une feuille de route de sortie de crise, car n'oublions pas que l'économie du pays est dans le rouge", a-t-elle suggéré tout en indiquant que dans ce cas de figure, il faudra que des critères, tels que l'intégrité morale, l'honnêteté et la sincérité, soient fixés pour le choix de personnalités qui veilleront constamment sur le respect de la volonté du peuple. "En tout cas, dans l'état actuel des choses, on ne peut pas aller directement vers une élection présidentielle avec la même administration qui organise le trucage des élections, la même loi électorale conçue sur mesure pour favoriser le pouvoir et les partis au pouvoir et avec une utilisation de l'argent sale", a-t-elle soutenu jugeant plus prioritaire de procéder en premier lieu à "la reconstruction de l'Etat". Concernant la période de transition, Zoubida Assoul estime qu'elle ne doit être gérée ni par Bensalah, ni par Belaïz, ni par Gaïd Salah. "Belaïz est illégitime car sa nomination au Conseil constitutionnel est anticonstitutionnelle du fait qu'il a déjà été une fois à la tête de cette institution. Concernant Bensalah, il faut rappeler que l'application de l'article 102 nécessite la réunion des deux Chambres du Parlement alors que la Chambre basse est frappée d'illégitimité depuis l'affaire dite des cadenas, ce qui rend donc caduque l'application de cet article. Et concernant le chef d'état-major, n'oublions pas que c'est lui qui a permis à Bouteflika de violer la Constitution en 2008 sans même passer par la voix du peuple, qui a cautionné son non-empêchement pour raisons de santé en 2013, qui a cautionné le 4e mandat et même le 5e, a rappelé l'oratrice soulignant que "ce n'est donc pas l'armée qui doit décider pour nous". "C'est d'ailleurs dans son intérêt aussi car pour préserver la cohésion de l'armée, on doit l'éloigner de la décision politique", a-t-elle ajouté. Pour battre en brèche l'argument du pouvoir selon lequel le mouvement populaire n'a pas de représentants pouvant parler en son nom, l'oratrice a tenu à souligner qu'"on ne peut pas demander à un peuple qui vient tout juste de se réapproprier l'espace public de s'organiser et de choisir ses représentants, cela nécessite un processus un peu long mais faisable. Mais vu l'urgence de la situation, puisque nous sommes à l'approche du 28 avril, le peuple est conscient que ce n'est pas la représentation que l'on doit chercher, tant celle-ci nécessite des élections, mais plutôt des porte-voix crédibles qui peuvent veiller sur le respect de sa volonté", a-t-elle expliqué.