LE SOUK (1 re partie) Résumé : Quand vous entrez dans ce marché, vous avez l'impression de plonger dans le passé. Il y avait foule au marché du village. C'était vendredi, et le souk de la médina regorgeait d'un monde départagé entre commerçants, consommateurs et curieux. Il y avait de tout dans ce souk : légumes, fruits, viandes, herbes, effets vestimentaires, volaille, chaussures, remèdes et lotions contre les multiples maux du corps, couvertures, tapis... Enfin tout ce que pouvait contenir un souk de village, qui se tient hebdomadairement. La marchandise, entassée et étalée pêle-mêle, reflétait l'état d'esprit de ces commerçants, montagnards pour la plupart, et bien soucieux d'écouler leurs multiples bricoles et produits avant la tombée de la nuit. Bien sûr, si les légumes et les fruits vous sont proposés à côté d'une paire de chaussures ou d'un tapis, ne vous étonnez point de constater que plus loin, on vous proposera un poulet et un burnous ou un gigot et une couverture. L'essentiel est de savoir vendre et de tirer le maximum de bénéfices. La naïveté des villageois fait passer l'éponge sur ces paradoxes, et chaque père de famille marchande à son gré pour acheter au moindre prix. L'atmosphère, accentuée de quelques airs de "zorna", donnait une impression de grandes festivités. Quelques charlatans profitent aussi de ces grands jours pour se remplir les poches et chacun propose ses services à tue-tête, en vantant son savoir et les mérites de sa "science". De l'encens fumait aux quatre coins de la grande place et les marchands de henné, écorce de noyer, khôl, musk et huile de cade, bâtonnets d'ambre, etc., vous proposent des bijoux-fantaisie, pour guérir les rhumatismes articulaires et les entorses. Vers le milieu de la journée, je fus frappée par un attroupement qui grossissait de minute en minute. La plupart des hommes et femmes assemblés dans un coin suivaient minutieusement les démonstrations d'un vieillard à la langue barbe blanche. Ce dernier, imbu d'un "savoir" hérité d'une longue lignée de ses ancêtres — comme il ne cessait de s'en vanter — ne lésinait pas sur ses efforts, pour prouver qu'il pouvait guérir des maladies incurables, exorciser les démons et soulager la douleur… Remettant de ce fait des amulettes à certains, des fioles à d'autres, ou récitant des phrases inaudibles en imbibant de sa salive, les articulations du patient qui se présentait à lui.
(À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.