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Quand la justice juge sans loi
Incarcérations pour port de l'emblème amazigh
Publié dans Liberté le 02 - 07 - 2019

Comment expliquer que les décisions prises par les juges au niveau des tribunaux de la capitale ne sont pas les mêmes que celles de leurs homologues pour les mêmes faits dans d'autres wilayas ?
Plusieurs personnes sont détenues arbitrairement à la prison d'El-Harrach pour avoir manifesté en brandissant l'emblème amazigh ou pour avoir revêtu une tenue traditionnelle. Ce qui leur a valu l'incarcération, c'est d'avoir déployé un drapeau autre que le drapeau national, devenu un délit depuis que le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, en a ordonné publiquement l'interdiction. Les manifestants détenus sont accusés "d'atteinte à l'unité nationale". Les rafles qui ont visé les manifestants brandissant l'emblème amazigh ont eu lieu dans plusieurs régions du pays.
Toutefois, les décisions prises par les juges des tribunaux de la capitale ne sont pas les mêmes que celles de leurs homologues pour les mêmes faits dans d'autres wilayas. À Oran, à Sétif ou à Tamanrasset, les manifestants arrêtés sont, au pire, condamnés à une légère peine avec sursis dans les cas de la citation directe, sinon, ce sont des mesures conservatoires non privatives de liberté qui sont prises à leur encontre, s'ils ne sont pas simplement relaxés sans faire l'objet de poursuites judiciaires.
À Alger, les décisions rendues sont extrêmes. Les manifestants appréhendés sont déférés devant le juge qui a décidé de les mettre sous mandat de dépôt. Le "corps du délit" peut être un drapeau amazigh ou tout simplement un pin's, un tee-shirt ou une robe. Or, cela fait quatre mois que des Algériens manifestent avec ces fanions, aujourd'hui prohibés dans Alger, sans que ni la justice ni une autre institution intervienne pour "faire appliquer la loi". Ces emblèmes ont continué jusqu'à vendredi à être brandis dans plusieurs autres régions du pays sans que la police intervienne pour les interdire.
Il est évident qu'il ne s'agit pas de l'application de la loi, sinon, comment expliquer que la justice sanctionne distinctement les mêmes faits ? Aucune loi ne stipule que manifester avec l'emblème amazigh constitue une circonstance aggravante. La décision est politique. Elle procède d'une tentative de briser le mouvement à Alger, le cœur battant du mouvement populaire. L'arrestation de manifestants à Alger pour délit d'amazighité n'est qu'une autre étape dans une démarche de sabordement plus globale du mouvement. Après les barrages filtrants chaque vendredi et qui réapparaissent à la veille de chaque marche, les tenants du pouvoir ont ensuite procédé à la fermeture de la place de la Grande-Poste et du Tunnel des facultés, avec le redéploiement des forces de répression à Alger-Centre.
Les concepteurs de cette démarche ont aussi tenté de diviser le mouvement et d'attenter à sa cohésion, avec la mise en branle de relais politico-médiatiques dont la mission est la division du mouvement sur la base de clivages régionaux, identitaires... Il va sans dire que ces procédés n'ont d'autre objectif que de hâter la mort du mouvement à Alger, tant la symbolique de la maîtrise de la capitale est importante. Le traitement réservé aux manifestants arrêtés à Alger par la justice est la preuve, supplémentaire, de cette volonté de porter des coups au mouvement en le privant de la capitale. L'arrestation des manifestants à Alger se veut un exemple pour dissuader les Algériens de se mobiliser encore massivement les vendredis.
La vague d'arrestations opérées parmi les manifestants dans la capitale n'a pas provoqué l'effet escompté. Cette opération a permis, contrairement aux attentes du pouvoir, de resserrer les rangs du mouvement et d'intensifier la mobilisation. L'élan de solidarité qui s'est formé pour défendre les détenus d'opinion redonne plutôt vie et vitalité à la mobilisation pour être encore plus soutenue et plus affirmée dans les actions à venir.

Mohamed Mouloudj


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