Ouyahia, Yousfi, Bouchouareb et de hauts cadres de Sonatrach défileront, durant toute la semaine, devant les juges d'instruction pour répondre de plusieurs chefs d'accusation. L'ex-ministre de l'Energie et ex-P-DG de la compagnie pétrolière Sonatrach Chakib Khelil est convoqué à comparaître, aujourd'hui, devant le juge d'instruction près la Cour suprême d'Alger dans les affaires Sonatrach 1 et 2. Poursuivi pour plusieurs chefs d'accusation, dont la perception de pots-de-vin, la dilapidation de deniers publics, l'infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l'étranger, le dossier en question traînera plusieurs personnalités devant la justice, dont l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, attendu, lui aussi, cette semaine, à la Cour suprême, au même titre que l'ex-ministre de l'Energie Youcef Yousfi, l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines Abdeslam Bouchouareb, recherché par la justice algérienne, des dizaines de hauts cadres de la compagnie pétrolière Sonatrach et ses filiales, mais aussi des témoins. C'est la deuxième fois que Chakib Khelil est convoqué par la Cour suprême, et tout porte à croire que le mis en cause ne se présentera pas devant le juge d'instruction. Cela étant dit, Youcef Yousfi et Abdelhafid Feghouli, ex-P-DG par intérim de Sonatrach de janvier à mai 2010, après la démission de Mohamed Meziane, ont comparu la semaine dernière devant la justice. Alors que Yousfi a été placé sous contrôle judiciaire pour octroi d'indus avantages au titre de l'octroi de marchés publics et de contrats en violation des dispositions législatives, dilapidation de deniers publics et d'abus de pouvoir et de fonction, avec retrait de ses deux passeports (ordinaire et diplomatique), Abdelhafid Feghouli, lui, a été placé sous mandat de dépôt. Ce dernier était poursuivi pour conclusion de marchés contraires à la législation en vigueur dans le but d'octroyer d'indus avantages à autrui, dilapidation de deniers publics et abus de fonction. Le mis en cause avait fait l'objet, en 2010, de plusieurs enquêtes pour des contrats conclus, entre 2007 et 2008, entre Sonatrach et une société mixte algéro-française alors que Chakib Khelil était en charge de ce secteur. Selon nos sources, le parquet général près la Cour suprême a engagé plusieurs procédures de poursuite judiciaire à l'encontre de plusieurs personnalités qui seront convoquées durant la semaine en cours, conformément aux formes et dispositions prévues dans le code de procédure pénale. Du reste, Chakib Khelil, en fuite depuis plusieurs mois aux Etats-Unis d'Amérique, se serait enfin réfugié dans un pays arabe, probablement au Liban, un pays non signataire avec l'Algérie des accords de coopération judiciaire et d'extradition. Selon nos sources, il n'est pas exclu que la justice recoure à un mandat d'arrêt international à l'encontre de Chakib Khelil pour être entendu et jugé pour ces lourds chefs d'accusation. Autrement dit, le parquet général qui constatera son absence prolongée sur le territoire national pourrait notifier à l'Organisation internationale de la police criminelle (Interpol), via son bureau établi à Alger, et lui transmettre la copie intégrale du mandat d'arrêt international à l'encontre du principal mis en cause. À défaut, si Chakib Khelil se réfugie dans un pays avec qui l'Algérie n'a pas ratifié d'accord d'extradition, une démarche pourrait être entreprise par voie diplomatique pour lui signifier sa convocation par la Cour suprême. Cette démarche pourrait intervenir à l'issue de la troisième convocation à laquelle Chakib Khelil ne répondra pas à l'évidence. Pour rappel, un mandat d'arrêt international a été lancé au mois d'août 2013 à son encontre et neuf autres mis en cause. Après sa fuite aux Etats-Unis d'Amérique, Chakib Khelil avait finalement bénéficié d'une levée de la procédure et avait pu rentrer au pays pour être blanchi par le président déchu Abdelaziz Bouteflika. FARID BELGACEM