C'est demain que se jouera le sort de la compagnie aérienne Aigle Azur qui, en proie à un redressement judiciaire, risque de disparaître définitivement des radars si elle n'intéresse aucun repreneur. Il se trouve qu'il en existe plusieurs, dont Gérard Houa, actionnaire dans la compagnie à hauteur de 20%. Ce dernier a fait la proposition d'injecter 15 millions d'euros de sa poche dans le cadre d'une augmentation de capital. Mais il semblerait que Gérard Houa, même s'il est issu de la maison, ne soit pas dans les bonnes grâces des actionnaires majoritaires et de l'ex-P-DG de la compagnie, qui a démissionné récemment de son poste, à cause de ses déboires avec ces derniers. Face à l'état de la compagnie, de plus en plus critique, le chinois HNA (actionnaire majoritaire) aurait, selon différentes sources médiatiques, demandé au gouvernement français d'accepter le principe d'une augmentation de capital assumée par Gérard Houa et seule susceptible d'assurer un avenir à l'entreprise. Le gouvernement français semble, cependant, voir les choses sous un autre angle tant l'enjeu est de taille et concernerait un autre éventuel repreneur qui n'est autre qu'Air France. La première compagnie de France aurait manifesté son intérêt, tout comme Vueling et Air Caraïbes, qui seraient également intéressées pour une reprise partielle. Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie, a évoqué vendredi dernier, au dernier jour d'activité de la compagnie, que "des offres sérieuses sont sur la table" sans pour autant en dévoiler les identités. Interrogé sur le sujet en marge de l'inauguration de la Foire européenne de Strasbourg, il dira à ce propos : "Il y a une offre principale sur laquelle nous travaillons", mais "je ne peux pas vous en dire plus parce que je souhaite qu'elle aboutisse et car je ne veux pas affaiblir les discussions qui sont en cours". Et ce ne sont pas moins de 1 150 travailleurs qui retiennent leur souffle et attendent la sentence, pour lundi. Ils sont 800 en France et 350 en Algérie qui risquent de se retrouver au chômage même si la compagnie jouit de tous les attributs pour séduire plus d'un. Il s'agit d'abord et surtout de 9 800 créneaux horaires annuels de la compagnie à Orly qui valent leur pesant d'or, mais pas seulement. Certes, Aigle Azur dispose d'une petite flotte composée de 11 avions seulement, mais qu'elle a su optimiser comptant sur une stratégie de niche qui a fait son succès. Elle a, d'ailleurs, réussi à transporter 1,88 million de passagers en 2018, année durant laquelle elle a réalisé un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros. Le problème, en réalité, réside dans des soucis de trésorerie cumulés avec le temps et notamment avec les difficultés de rapatrier les 9 millions d'euros générés par sa destination la plus rentable, à savoir l'Algérie, qui représente plus de 50% de ses activités. Mais pour les travailleurs d'Aigle Azur, il est inutile de se voiler la face : "La chute de la compagnie vient d'une gestion chaotique menée depuis déjà deux années, notamment basée sur un choix d'extension sur des lignes loin d'être rentables." Résultats des courses : la compagnie a cessé ses activités le 6 septembre au soir sans possibilité de dédommagement de milliers de clients. Air Algérie, tout comme Air France et Vueling, propose des tarifs spéciaux pour venir en aide à beaucoup de cas en détresse, mais ce ne sera pas suffisant. Et si pour l'Algérie on ne dispose d'aucun chiffre, en France, en revanche, on estime à 40 000 le nombre de billets Aigle Azur payés par les agences pour les semaines et mois à venir… Nabila Saïdoun
