La problématique identitaire dans la chanson engagée d'expression amazighe est le thème d'une conférence animée hier, durant la deuxième journée du 1er colloque international sur "La chanson kabyle et berbère : une quête identitaire et revendicative permanente" qu'abrite, depuis avant-hier, l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Animée par Dr Koussila Alik, de l'Ummto, cette communication s'est portée sur la chanson engagée et ses liens avec la question identitaire. "Il s'agit de savoir en quoi la chanson kabyle actuelle exprime une identité porteuse d'un projet et d'une cause", a affirmé le conférencier. À ce propos, le conférencier a expliqué que dès le début des années 2000, il y a eu déjà l'émergence des chants révolutionnaires, populaires et patriotiques. "La chanson ancienne constitue une source d'informations précieuses, puisqu'elle permet une meilleure connaissance du colonisateur, mais aussi de retracer une image parfaite de la société kabyle à cette époque-là", a-t-il développé. "Après l'indépendance, la chanson kabyle a abordé la question identitaire sous un autre aspect, en mettant en valeur, entre autres, la langue et la culture amazighes, qui ont été réprimées des années durant", a-t-il ajouté. "Cela a favorisé l'apparition des chanteurs kabyles, en l'occurrence Slimane Azem, Imazighen Imoula, Abranis, Ideflawen, Lounis Aït Menguellet, Matoub Lounès, Zedek Mouloud qui ont évoqué la situation que traverse le pays après l'indépendance et son rapport à la question identitaire d'une manière générale", a soutenu Dr Alik, qui a défini la chanson engagée comme "un moyen d'expression pour véhiculer des idées militantes, contestataires ou même satiriques". La chanson, a-t-il ajouté dans le même sillage, a toujours traduit les espoirs et les révoltes, et surtout soutenu des causes et accompagné l'histoire. "Dans le temps, la chanson a été véhiculée par les médias, la télévision, la radio... Actuellement, c'est à travers les réseaux sociaux qu'elle est transmise. Elle peut aussi être chantée sous différentes formes de musique : jazz, rock, pop, rap…", a-t-il terminé. Pour sa part, Dr Allaoua Rabhi, de l'université de Béjaïa, a présenté une communication non moins importante sur "La poésie féminine en Kabylie : questions et réflexions". "La poésie féminine est un bon syntagme, dont les mots se situent au-delà des aspects dénotatifs et qu'on est en plein dans la connotation", a-t-il déclaré pour expliquer toute l'importance accordée au sens et non pas seulement aux mots dans la poésie féminine. Le conférencier a ensuite relevé l'importance de la "dichotomie" dans la poésie masculine et féminine en soulignant que "si on excepte les problèmes d'attribution et qu'on n'admet pas qu'un poème récité par une femme soit un poème féminin, à ce moment-là il n'y a pas d'autres indices pour prouver que tel ou tel poème a pour auteur un homme ou une femme". "Les deux se valent en matière de création, et les différentes thématiques peuvent être ainsi chantées à la fois par l'homme et par la femme", a-t-il soutenu.