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"Il y a un divorce entre les médias et l'opinion publique"
Redouane Boudjema, Professeur à l'université d'Alger et ancien journaliste, à "liberté"
Publié dans Liberté le 23 - 10 - 2019

Dans cet entretien, Redouane Boudjema revient sur la relation complexe qu'entretiennent les médias algériens et le mouvement populaire.
Liberté : Des manifestants s'en prennent souvent aux médias, accusés de complaisance avec le pouvoir. Comment expliquez-vous cela ?
Redouane Boudjema : Je pense qu'une évaluation du contenu même sommaire des médias nationaux depuis plus de vingt-cinq ans au moins, confirmerait que le jugement de l'opinion est loin d'être sévère. Les médias ne respectent pas le droit du citoyen à l'information, un droit pourtant inscrit dans les constitutions depuis celle de 1989 à celle d'aujourd'hui. Ce droit est trop souvent bafoué tant par les médias publics que par la majorité des médias privés.
L'information a laissé place au commentaire et à la propagande, et même aux discours discriminatoires et haineux. Les exemples pour expliquer et clarifier ce constat ne manquent pas. Il y a même abondance en la matière. Rappelons, par exemple, la télévision publique qui qualifiait Mehri, Ali-Yahia et Aït Ahmed de traîtres en janvier 1995, suite au contrat national (signé par des personnalités politiques pour proposer une sortie à la crise que vivait le pays à l'époque, ndlr), sans même donner un aperçu de ce texte. Cette machine haineuse a pu compter sur plusieurs supports dont la majorité des titres de la presse privée.
Ces médias ont été utilisés dans les années 1990 comme supports de propagande dans une guerre sans merci contre la société civile avec, pour ligne éditoriale, l'arrêté interministériel de 1994 qui édictait ce qu'il fallait publier et ce qu'il fallait éviter de diffuser en matière d'info sécuritaire. C'est le cas aussi en 2001 lors des événements du Printemps noir, où une bonne partie de la presse privée a versé dans une surenchère de haine et de discrimination contre la population des wilayas du Centre.
On se souvient de la couverture empoisonnée de la marche du 14 juin 2001 par la télévision publique. La population a en mémoire des dizaines et même des centaines d'exemples de toutes ces dérives, et elle sait très bien faire la distinction entre médias dépendant des différents groupes d'intérêt et réseaux du système et une minorité de journalistes qui se bat pour assurer le minimum syndical du respect de l'éthique journalistique.
La population a bien vu aussi comment la majorité écrasante des médias a applaudi l'annonce de la candidature de Bouteflika et comment ces mêmes médias, toute honte bue, diffusent un discours de haine contre les Bouteflika et leurs réseaux sécuritaires et économiques. Cette presse reste bloquée dans ses atavismes. L'accumulation de ces forfaitures entretient une profonde crise de confiance, voire un divorce complet entre médias et opinion publique.
Le "hirak" a libéré les Algériens. A-t-il, selon vous, libéré aussi la presse ?
Je pense que le hirak a plutôt mis à nu la presse ; il a permis de dévoiler au grand jour des réponses sur l'identité et le jeu des acteurs médiatiques. Qui roule pour qui ? Qui manipule qui ? Qui sert qui ? C'est une entreprise de décantation qui fait office de tamis, selon les hirakistes.
Le public a bien vu comment des médias liés aux réseaux des Bouteflika et à leurs bras sécuritaires et économiques ont tout fait pour casser le hirak au début pour sauver le système Bouteflika. Ces organes de presse se sont transformés en appareil de propagande au service de l'homme fort du moment, usant d'un lexique particulièrement violent à l'endroit du hirak.
Ne demandons-nous pas trop aux médias lorsqu'on leur dit d'accompagner le "hirak" ?
Je pense que la question fondamentale n'est pas de demander à la presse d'accompagner le hirak. Il s'agit de demander à cette presse de revenir à l'a b c de la profession. D'effectuer une rupture complète, épistémologique, avec un exercice journalistique qui s'est malheureusement réduit à de la pure propagande, où le journaliste n'est plus qu'un chargé de communication, et qui fait un travail de supplétif entre policier, magistrat, avocat et agent publicitaire.
À la lumière des développements en cours dans le pays, l'avènement d'une presse libre est-il possible ?
Je pense qu'il ne peut y avoir de presse libre sans une société libre et ouverte ; la société souhaite construire l'Etat de droit. Or, une société ouverte fondée sur des institutions véritables conditionne naturellement l'exercice de l'autorité à l'existence de contrepouvoirs, et la presse constitue une des formes des contre-pouvoirs.
Les journalistes doivent comprendre que leurs libertés sont liées aux libertés de toute la société et que le moment est venu pour une mobilisation de toute la corporation pour sauver ce métier du pouvoir personnel et du diktat des lobbys de l'argent sale à tous les niveaux. Le hirak est l'occasion historique de rebâtir cette noble profession sur des bases renouvelées et assainies. C'est une urgence et une nécessité, et les compétences comme les bonnes volontés sont nombreuses et disponibles.

Entretien réalisé par : ali boukhlef


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