La mobilisation populaire contre la classe dirigeante au Liban se durcit davantage avec l'installation hier de dizaines de tentes par des manifestants déterminés à occuper la rue, de jour comme de nuit, jusqu'au départ de tout le gouvernement. À Beyrouth, la capitale, plusieurs manifestants ont installé des tentes dès les premières heures de la matinée sous le pont de Khalade, ont rapporté des médias locaux. D'autres campements ont fait également leur apparition dans les principales villes pays, défiant ainsi l'armée qui tente, après onze jours d'un soulèvement inédit, de libérer les routes principales du pays. La veille, des échauffourées ont éclaté entre l'armée et des protestataires près de Tripoli, la grande ville du nord. Un bilan de source médicale faisait état hier de sept blessés, alors que l'armée a reconnu que des balles en caoutchouc avaient été tirées. Les banques, les écoles et les universités sont restées hier fermées, alors qu'une manifestation géante a été organisée en début d'après-midi. Les manifestants des villes côtières, de Beyrouth, de Tyr, de Saida ou de Jbeil, se sont donné rendez-vous, répondant à un appel lancé sur la toile, pour participer à une "chaîne humaine" qui a longé toute la côte du Liban nord au Liban sud sur 170 km. Drapeaux libanais à la main, ils ont affirmé, comme rapporté par des médias locaux, qu'ils demeureront dans les places publiques jusqu'à la réalisation de leurs objectifs. Par ailleurs, plusieurs chefs de partis politiques ont appelé le gouvernement à écouter la rue. Le chef du PSP, Walid Joumblat, a écrit sur son compte twitter que "la seule solution à l'heure actuelle réside dans la formation d'un nouveau gouvernement et dans des élections selon une loi non confessionnelle". De son côté, le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, a appelé à bien observer le spectacle (chaîne humaine NDLR) allant de Tripoli à Tyr et de Beyrouth à Baalbek-Hermel et à écouter la volonté des Libanais qui s'exprime pour le 11e jour dans la rue.