Des milliers de manifestants pro-démocratie ont défilé hier à Hong Kong en dépit d'une mise en garde du président chinois Xi Jinping, alors que la crise s'est propagée jusqu'à Londres où une ministre hongkongaise a été prise à partie. Les protestataires, vêtus de noir, ont continué d'occuper plusieurs campus, tandis que le casse-tête s'est répété pour le cinquième jour d'affilée pour les employés qui devaient aller au travail, ce qui est mission quasi impossible dans cette ville si les routes sont bloquées et les transports en commun à l'arrêt. Par milliers, les employés ont à nouveau profité de leur pause-déjeuner pour défiler dans le quartier de Central en soutien des manifestants engagés dans les opérations de blocage. La plupart montraient de la main leurs cinq doigts, en référence aux cinq demandes fondamentales du mouvement, parmi lesquelles une enquête sur les violences policières ou encore des réformes démocratiques. La région semi-autonome vit depuis cinq mois sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997, avec des manifestations et actions quasi quotidiennes, parfois réprimées violemment. La mobilisation était montée d'un cran lundi, avec le début d'une opération continue de blocage de la mégapole de très grande ampleur. Jeudi soir, la contestation s'est déportée à des milliers de kilomètres de la région semi-autonome quand des manifestants ont pris à partie à Londres la ministre hongkongaise de la Justice, Teresa Cheng. Pendant des mois, les actions des manifestants hongkongais avaient été principalement menées les soirs et les week-ends, ce qui permettait au territoire de 7,5 millions d'habitants de fonctionner relativement normalement en journée. En l'absence de concessions de la part de l'exécutif pro-Pékin, les manifestants ont changé de stratégie, en optant pour celle consistant à "Eclore partout" ("Blossom Everywhere"), c'est-à-dire multiplier les actions de blocage simultanées pour éprouver au maximum les capacités de la police. L'impact a été immédiat, en compliquant considérablement les déplacements des habitants.