Il reste encore beaucoup à faire pour renforcer et améliorer les capacités de production dans l'industrie pharmaceutique. Le marché des médicaments s'est sensiblement développé ces dernières années, mais la production locale ne couvre encore qu'une partie des besoins du pays. Aussi, le déficit en production contraint l'Algérie à faire encore des commandes d'achat de médicaments à l'étranger. Certes, l'Etat essaye de dégraisser l'importation. Mais la facture n'a pas baissé dans les proportions attendues ou nécessaires. Il est vrai que le secteur pharmaceutique a fait du chemin depuis le milieu des années 1990 et que certaines entreprises y ont massivement investi. Sanofi Algérie est de celles-là. Rym Fettouche est sa directrice de la communication. Elle nous explique que Sanofi participe "activement à l'économie nationale depuis près de 30 ans et produit localement depuis plus de 20 ans". Elle ajoute : "En tant que partenaire du parcours de santé et acteur industriel de premier plan, Sanofi œuvre aux côtés de tous les acteurs de la santé à travers des partenariats de haut niveau dans de nombreux domaines et la mise à disposition de solutions de santé dans plusieurs spécialités telles que le diabète, l'hypertension, la cardiologie, l'oncologie, la médecine générale, ainsi que les maladies rares et participe aussi à la protection de la population grâce aux vaccins." Il reste néanmoins encore beaucoup à faire pour renforcer et améliorer les capacités de production dans l'industrie pharmaceutique. Les producteurs estiment que cela est à portée de main, à condition que les autorités compétentes soient en mesure de mettre à niveau la législation, d'être à l'écoute des entreprises et de mette à plat les problèmes posés. Aujourd'hui, un examen des législations fait apparaître que les incohérences et le manque de clarté sont encore choses courantes dans le secteur. En fait, les problèmes et les solutions y sont connus. "Tous les problèmes ont été identifiés et j'ai déjà évoqué cela à plusieurs occasions", souligne Nabil Mellah, directeur général des laboratoires Merinal. Et, de déclarer, cependant : "Tant qu'on n'aura pas réglé le problème politique, je ne pense pas qu'on pourra résoudre les problèmes d'ordre économique." En ces temps "d'incertitude" sur le plan politique, poursuit-il, tout le monde "dans l'administration a peur de signer quoi que ce soit". Les producteurs se disent même en mesure de pouvoir filer vers des objectifs plus ambitieux, pour autant que les autorités publiques établissent des mesures et un calendrier de mise en œuvre dans le but d'instaurer un environnement garantissant l'accès des citoyens à des médicaments innovants. Le problème est que ces derniers sont plus dispendieux que ceux déjà sur le marché. Une question difficile et presque insoluble ! Pour des spécialistes, le coût élevé de ces produits peut être atténué en mettant à contribution les laboratoires. Il a été d'ailleurs question de conclure des contrats de performance avec les laboratoires pharmaceutiques producteurs de médicaments innovants coûteux qui ciblent les pathologies chroniques, et de voir comment les faire contribuer au système de remboursement appliqué par les deux caisses de sécurité sociale : la Cnas et la Casnos. Reste que les responsables chargés de ces dossiers marchent sur des œufs.
Repères Sanofi, une société française opérant en Algérie depuis près de 30 ans, a augmenté le taux de production de ses produits disponibles en Algérie à 70% en 2019 contre 65% ces dernières années. Près de 88 millions de boîtes ont été distribuées en 2019. 95 entreprises exercent déjà dans le secteur de la production pharmaceutique et une trentaine sont en cours d'installation. Le secteur emploie plus de 40 000 personnes à plein temps. Le secteur a par ailleurs affiché une croissance annuelle moyenne à deux chiffres (17,5%) entre 2008 et 2017. Pour autant, la production reste en deçà des besoins nationaux. Aussi, le pays continue d'importer des produits pharmaceutiques. Mais la valeur des médicaments achetés à l'étranger est en baisse depuis trois ans. Ainsi, sur les onze premiers mois de l'année 2019, les importations de médicaments, pour la vente au détail (classés dans le groupe des biens de consommation non alimentaires), se sont repliées de 6%. En valeur, elles se sont établies à 1,042 milliard de dollars, contre 1,108 milliard de dollars durant la même période de comparaison.