Le chef de l'Etat aurait interféré dans le conflit naissant, à en croire nos sources, pour l'apaiser le temps de concrétiser des dossiers prioritaires, tels que celui afférent à la révision de la Constitution. L'intérim de Salah Goudjil à la présidence du Conseil de la nation est en voie de devenir un titre permanent. Selon des sources internes à la deuxième Chambre du Parlement, la question a été tranchée, à un haut niveau de la hiérarchie institutionnelle, en faveur du statu quo. Il n'y aura donc pas d'élection, dans l'immédiat, d'un nouveau président du Sénat. "Salah Goudjil a été reçu par le président de la République, au début de cette semaine. Nous ne connaissons pas la teneur de la discussion, mais on nous a dit qu'il n'y aura aucun changement pour le moment", nous a-t-on certifié. La grogne, qui commençait à monter parmi les sénateurs, après le renoncement d'Abdelkader Bensalah à son mandat de président et de sénateur, est, semble-t-il étouffée. Des remous à la Chambre haute du Parlement, similaires aux deux séquences-turbulences de l'APN ne seraient guère souhaitables dans un contexte politique confus et complexe. Pour rappel, la destitution à la hussarde de Saïd Bouhadja, en septembre 2018, puis la démission forcée de son successeur Moad Bouchareb, en juillet 2019, ont sérieusement noirci la réputation de l'Assemblée nationale, déjà mise à mal par les démissions en cascade de députés soutenant le mouvement citoyen et la levée de l'immunité parlementaire des élus poursuivis en justice pour corruption. Qu'un bras de fer soit engagé entre le vieux sénateur (90 ans cette année), qui ne veut pas céder le perchoir, et ses pairs serait forcément mal vu. Pour éviter un nouveau scandale institutionnel, le chef de l'Etat aurait interféré dans le conflit naissant, à en croire nos sources, pour l'apaiser, le temps de concrétiser des dossiers prioritaires, tels que celui afférent à la révision de la Constitution. Le maintien de Salah Goudjil aux commandes de la Chambre haute constitue pourtant une entorse au règlement intérieur de l'institution. À sa prise de fonctions en avril dernier, il devait organiser l'élection du remplaçant d'Abdelkader Bensalah dans l'intervalle de quinze jours. Il a, néanmoins, fait traîner les procédures, jusqu'à se faire oublier dans le tumulte de l'actualité nationale, marquée par la montée en puissance du hirak, l'annulation de deux scrutins présidentiels et l'incertitude qui pesait sur le rendez-vous électoral du 12 décembre. Au début de la semaine en cours, des sénateurs sont revenus à la charge, lui rappelant qu'il n'avait plus le droit de faire durer plus longtemps son statut d'intérimaire. Obtus, le nonagénaire a refusé catégoriquement de partir. Visiblement, le président de la République le conforte dans sa position, jusqu'à nouvel ordre.