Le président indépendantiste catalan, Quim Torra, a annoncé hier la convocation prochaine d'élections régionales anticipées en Catalogne en raison d'une crise ouverte entre les deux grands partis séparatistes qui gouvernent cette région d'Espagne. "Cette législature n'a plus d'avenir (...) Les deux alliés au sein du gouvernement envisagent le chemin vers l'indépendance d'une façon qui a entraîné une détérioration de la confiance mutuelle", a déclaré Quim Torra depuis le siège du gouvernement catalan. Le président catalan a toutefois indiqué que le budget de la région devrait être approuvé avant qu'il n'"annonce la date des élections". L'approbation du budget doit prendre environ deux mois. La Catalogne n'a plus adopté de budget depuis 2017. La convocation prochaine de ce scrutin anticipé dans la riche région du nord-est de l'Espagne est la conséquence d'une rupture intervenue lundi entre le parti de M. Torra et de son prédécesseur Carles Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (JxC), et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC). ERC a lâché Quim Torra et JxC qui lui demandaient de désobéir à l'ordre de la commission électorale de priver le président catalan de son siège de député régional après sa condamnation en décembre à 18 mois d'inéligibilité. M. Torra a été condamné pour avoir refusé d'obéir à cette commission qui lui avait ordonné l'an dernier de retirer des symboles séparatistes du siège du gouvernement régional durant une campagne électorale. Alliés au sein du gouvernement régional depuis 2016, JxC et ERC se font concurrence pour dominer le mouvement séparatiste. Les divergences entre ces deux formations n'ont cessé de s'accroître depuis la tentative de sécession de la Catalogne en 2017 pour laquelle le chef d'ERC Oriol Junqueras a passé deux ans en détention préventive avant d'être condamné en octobre à 13 ans de prison. M. Puigdemont, lui, avait fui en Belgique pour échapper aux poursuites de la justice espagnole. Depuis sa cellule, M. Junqueras a fait prendre un virage plus modéré à ERC au point que la formation a appuyé début janvier la reconduction au pouvoir à Madrid du socialiste Pedro Sanchez, contrairement à JxC qui prône une stratégie de confrontation avec le gouvernement central.