Résumé : Alors que Nawel est entre les mains d'un médecin urgentiste, Kamélia est coincée. Elle tente de trouver le moyen de le garder éloigné du bébé. Elle propose de prendre le café pour gagner du temps. Tewfik ferme la porte d'entrée à clé. Avec ses gestes et son regard, il lui rappelle cette nuit cauchemardesque où sa vie est devenue un enfer… Elle frissonne comme si un vent glacé traversait la pièce. Elle le revoit la frapper, lui déchirer ses vêtements et abuser d'elle. Elle ferme les yeux et les poings comme pour mieux chasser ses mauvais souvenirs. - Hé, doucement ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es si pâle, remarque-t-il. Tu as besoin de t'asseoir. Viens, dit-il en s'approchant d'elle pour la prendre par le bras. N'aie pas peur. Je ne te ferai pas de mal. - J'ai besoin de prendre du café, des vitamines, dit-elle. J'ai passé une nuit blanche. Adem était malade. - Oui, Nawel me l'a dit. On devrait peut-être aller le voir. Kamélia secoue la tête. Elle ne veut pas qu'il s'approche de son fils. Il a beau parler doucement, elle sait qu'il peut redevenir le monstre qu'elle a connu quelques mois plus tôt. - Laissons-le dormir, répond-elle. Je vais préparer du café, est-ce que tu en prendras avec moi ? - Tu le demandes si gentiment que je ne pourrais pas refuser. Je viens avec toi à la cuisine. Tu m'as manqué, tu sais. Sache que tu es la femme de ma vie. Parfois, quand ton absence me fait souffrir, au moindre prétexte, je battais ma femme. Celle qui a pris ta place lorsque j'étais amnésique. - Mais pourquoi ? La pauvre n'a rien fait, dit Kamélia. J'ai mal pour elle et tes enfants. Tu ne devrais pas t'en prendre aux autres. C'était écrit depuis le début, bien avant notre naissance, qu'on ne ferait pas notre vie ensemble. Pourquoi ne l'acceptes-tu pas ? Alors qu'elle prépare le café, il répond à ses questions. - Je ne peux pas accepter qu'on ne forme pas une famille. Nous serons ensemble parce que je le veux depuis si longtemps. Même dans mes rêves on est ensemble. La vie n'a aucun sens sans toi, sans mon fils. Kamélia s'efforce de garder son calme. Elle réfléchit à comment faire et surtout à ne pas le contrarier. Elle ne doit pas le pousser à bout. Tout en préparant le plateau, elle aperçoit sa boîte de somnifères sur une étagère et pense en mettre dans le café, mais est-ce qu'ils seront efficaces ? Elle en doute. Elle réprime un soupir et s'efforce de lui sourire. En ouvrant un tiroir pour prendre des cuillères, elle voit ces couteaux de cuisine, mais Tewfik s'est approché. - Non, non, n'y pense même pas, lui conseille-t-il. Le café est prêt. Allons le prendre avant que tu n'aies des idées meurtrières. Ma chère Kamélia, je te connais trop bien. Même si tu tentes de paraître calme, je sais que tu bouillonnes. - Non, je suis calme. Elle pense à prendre la cafetière et à balancer son contenu sur le visage, mais elle tremble trop. D'ailleurs, comme s'il lisait dans ses pensées, il la devance, va éteindre le feu et prend la cafetière, encore toute brûlante. C'est lui qui fait le service. - On le prend ici ou dans le salon ? - Ici… Elle s'assoit. Elle tremble. Quand elle prend sa tasse, du café se renverse sur ses jambes. Elle prend une serviette et essuie. - Tu t'es brûlée ! s'écrie Tewfik. Laisse-moi voir. - Non, ce n'est rien. Elle ne veut pas qu'il l'approche et qu'il la touche. - Tu devrais aller te changer, dit-il. Et si tu as une pommade, appliques-en. Kamélia secoue la tête. Elle sent que ses jambes ne pourront pas la porter jusqu'à la salle de bains. - Pas besoin… Elle se tait. Elle vient d'apercevoir deux ombres passer. L'espoir revient en elle. Elle s'efforce à sourire à Tewfik. - Ne t'inquiète pas. Je ne sens plus rien… Tewfik s'est levé et s'est dirigé vers la fenêtre. Lui aussi a vu une ombre passer. La colère durcit son visage. Il se tourne vers Kamélia, menaçant, tout en sortant son canif. - Ne t'avise surtout pas de bouger, de crier…
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